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Comment le Fest-Noz compte profiter de son inscription au patrimoine de l’Unesco

Le Fest-Noz vient de rejoindre la lsite du patrimoine immatériel de l'Humanité de l'Unesco.

Le Fest-Noz vient de rejoindre la lsite du patrimoine immatériel de l'Humanité de l'Unesco. - -

La traditionnelle fête bretonne vient d’être inscrite, mercredi 5 décembre, au patrimoine immatériel de l’Humanité par l'Unesco. Une décision destinée à assurer la préservation de cette tradition régionale, mais qui pourra aussi permettre aux élus de décrocher des subventions.

Les Bretons vont pouvoir chanter et danser pour célébrer l’évènement : le Fest-Noz (fête de nuit en breton) figure désormais sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco. Il va ainsi rejoindre la tapisserie d'Aubusson, la dentelle d'Alençon, l'équitation, la fauconnerie ou encore le repas gastronomique, déjà retenus dans le passé par l'institution internationale au titre de trésors tricolores.

Le comité intergouvernemental a, en effet, décidé mercredi 5 décembre que cette tradition bretonne participait à la diversité et à la richesse culturelle mondiale et méritait d’être protégée.

Obtenir une reconnaissance et assurer la pérennité de cette tradition, ce sont bien là les objectifs de l’association Dastum qui depuis 18 mois, pilote le montage du dossier de candidature. "Cette inscription au patrimoine immatériel aura des retombées économiques, mais de manière indirecte",explique la porte-parole de l’association.

Décrocher des subventions

L’Unesco ne fournit en effet aucune aide financière aux candidats qu’elle retient. Mais les partisans du Fest-Noz comptent bien faire valoir cette nomination auprès de la région, des départements ou encore des communes qu’elles démarchent afin d’obtenir des subventions. " et encore, même avant l’officialisation, 72 collectivités se sont déjà engagées à ajouter dans leur budget une ligne de crédit pour le Fest-noz" précise l'association.

Ce soutien financier ne va pas se contenter d’aider à la mise en place de soirée Fest-Noz. Il s’agit aussi de travailler sur l’archivage de la mémoire culturelle, notamment en finançant des travaux de recherche, en favorisant la collecte de témoignages audios et vidéos … Sans oublier le volet éducatif, en développant les interventions d’artistes en milieu scolaire.

Des retombées touristiques difficiles à évaluer

Avoir la reconnaissance de l’Unesco peut-elle doper la fréquentation dans la région bretonne ? Relevant de l’immatérialité, il est difficile d’évaluer dans quelle mesure la perspective de participer à un Fest-Noz poussera les touristes à venir.

Les précédentes inscriptions au patrimoine immatériel ne peuvent pas non plus servir d’indicateurs. Ainsi dans le cas de la dentelle d’Alençon, inscrite depuis 2010 " on peut certes parler d’un regain d’intérêt, notamment parce que cela a déclenché des vocations, alors que l’on manque cruellement de dentellière " explique Christian Hottin en charge du pilotage des dossiers de candidature à l’Unesco au sein de la Direction générale du patrimoine du ministère de la Culture.

Mais il avoue qu’il est encore trop tôt pour savoir si obtenir le statut de patrimoine immatériel a dopé la fréquentation touristique, notamment au sein du musée des Beaux-Arts et de la dentelle d’Alençon. 'C'est justement cette inscription qui a déclenché le réaménagement actuellement en cours des espaces dédiées à la dentelle ", précise le conservateur.

Il est en tout cas certains qu’aucun "Fest-Noz-land" ou autre dérive touristique ne verra le jour. L’Unesco veille au grain. " il est hors de question que cette inscription ne donne lieu à une commercialisation excessive et que le patrimoine perde son âme. Mais c’est surtout une dérive que l’on rencontre dans les pays en voie de développement qui ont inscit un élément de leur artisanat et développent à outrance le mercantilisme", précise Christian Hottin.

Coralie Cathelinais