Fiscalité: les députés britanniques perdent patience face à Google

Les méthodes d’optimisation fiscale des géants du net passent de moins en moins bien partout dans le monde, mais en Grande-Bretagne, l’exaspération a tourné au jeu de massacre lors d’une audition des dirigeants du groupe.

L'audition au Parlement britannique de dirigeants de Google a tourné au jeu de massacre jeudi, avec des invectives lancées contre le géant de l'internet américain accusé d'avoir soldé ses arriérés fiscaux pour un montant dérisoire.

"Nous sommes ici au nom des contribuables britanniques. Entendez-vous la colère et la frustration?", a lancé la députée travailliste Meg Hillier, présidente de la commission des comptes publics à la Chambre des communes, en ouvrant les débats face à Matt Brittin, le président de Google en Europe, et Tom Hutchinson, vice-président de Google Inc.

Ces deux haut responsables du géant de la Silicon Valley se sont retrouvés sur le grill pour expliquer comment l'entreprise a réussi à convaincre le Trésor de ne payer que 130 millions de livres (167 millions d'euros) d'arriérés d'impôts au Royaume-Uni pour la période de 2005 à 2015. Cette somme a été jugée dérisoire non seulement par l'opposition travailliste mais aussi par des responsables du parti conservateur au pouvoir, dont le maire de Londres.

La phobie des chiffres fait perdre la mémoire

La députée travailliste a sommé le président de Google Europe de confirmer que le groupe américain avait réalisé un chiffre d'affaires de 1,18 milliard de livres et engrangé un bénéfice de 106 millions de livres lors des derniers 18 mois, avant d'exiger de connaître son salaire.

"Je n'ai pas le chiffre mais je vous le donnerai volontiers", a répondu Matt Brittin, s'attirant une réponse cinglante de la députée: "Vous ne savez pas combien vous gagnez? (...) Dehors, les contribuables, nos électeurs, sont très en colère, ils vivent dans un monde clairement différent du vôtre si vous n'êtes pas capable de nous dire combien vous êtes payé!".

À l'issue de quelques minutes de questions posées à toute allure à Matt Brittin, souvent interrompu, Meg Hillier a conclu: "Vous abusez de ma patience et de celle du contribuable!", laissant la parole à d'autres députés.

P.S. avec AFP