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Florange: que sont devenues les promesses de Hollande?

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- - Patrick Hertzog - AFP

Le président de la République se déplace sur le site lorrain après avoir promis, fin 2012, que les 629 personnes employées sur les hauts-fourneaux seraient reclassées, et que 180 millions d'euros d'investissements seraient effectués. Même si ces promesses ont été respectées, les syndicats affichent leurs doutes.

François Hollande face à un symbole. Le président de la République retourne à l'usine d'ArcelorMittal de Florange ce lundi 17 octobre, quatre ans après avoir laissé le groupe acter la fermeture les hauts-fourneaux du site, employant 629 personnes sur les quelque 2.500 employés au total. Cet épisode douloureux du début du quinquennat avait provoqué une crise gouvernementale, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg ayant mis sa démission dans la balance après le refus du Premier ministre Jean-Marc Ayrault de nationaliser le site.

François Hollande avait finalement décidé de laisser ArcelorMittal fermer les deux hauts fourneaux, obtenant, en retour, d'une part que les 629 salariés ne soient pas licenciés et, d'autre part, des investissements de 180 millions d'euros sur la période 2013-2018.

"Aucune perte d'emploi"

"Je viens leur dire que j'ai respecté l'ensemble de mes engagements. Je m'étais rendu à Florange lors de la campagne présidentielle. Je leur avais fait deux promesses: sauver le site et éviter tout plan social. Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut fourneau ont été reclassés sur place et aucun n'a été licencié", affirme le président de la République dans une interview dans le Républicain lorrain de ce lundi 17 octobre.

"Non seulement, il n'y a eu aucune perte d'emploi à Florange, mais des embauches ont été réalisées en 2015 et 2016", ajoute-t-il, alors que des syndicalistes l'attendent de pied ferme lundi sur le site. Quant aux investissements promis par Lakshmi Mittal, il fait valoir que "200 millions d'euros ont déjà été réalisés, c'est-à-dire plus que prévu".

De fait, les 629 salariés des hauts fourneaux ont été reclassés rapidement, dès la fin 2013, comme l'expliquait le journal les Échos. Ce en raison notamment des départs à la retraite: 200 salariés ont ainsi quitté la vie active. Les autres ont été mutés, notamment sur d'autres sites du groupe. "Toutes ces personnes ont été reclassées grâce au départ à la retraite", confirme à BFMTV Walter Broccoli, ancien syndicaliste FO d'ArcelorMittal et conseiller régional du Modem. "Il n'y avait aucun problème sur ce sujet. On a même fait un accord social qui a permis à des personnes de partir un ou deux ans plus tôt à la retraite", ajoute-t-il.

180 millions d'euros d'investissements

L'ex-syndicaliste estime néanmoins que ces emplois ont été perdus et s'inquiète pour les conséquences sur le tissu de sous-traitants qu'employait les hauts fourneaux.

Par ailleurs, "sur les 629 suppressions de postes, les personnes ont été reclassées mais sur des postes non pérennes", affirme à Libération, Lionel Burriello, délégué CGT.

Pour ce qui est des investissements sur le site, Lakshmi Mittal affirmait au Figaro, il y a un an, que "150 millions d'euros sur les 180 promis" étaient déjà investis. "Florange est devenu un centre d'excellence pour nous. Nous avons doublé notre production d'acier haut de gamme Usibor, à 600.000 tonnes, et nous sommes à pleine capacité aujourd'hui", ajoutait-il. L'Usine Nouvelle indiquait également en 2015 que l'enveloppe promise au gouvernement Ayrault pourrait être largement dépassée avec un investissement global, sur le site, qui pourrait s'élever à 258 millions d'euros au total, d'ici à 2020.

Hollande et Montebourg "ont trahi Florange"

Reste que malgré ces avancées, François Hollande s'avance en terrain miné. Selon Walter Broccoli, un sondage interne a été mené au sein des salariés de Florange et "82% d'entre eux ont estimé que François Hollande n'avait pas à venir". Aussi bien lui que l'ex-ministre Arnaud Montebourg, qui, lui, avait visité le site la semaine dernière, "ont trahi Florange", ajoute l'ex-syndicaliste.

Les syndicats qui n'avaient pas signé l'accord social conclu en décembre 2012 avec la direction, la CFDT et la CFE-CGC, ont ainsi décidé de manifester leur mécontentement.

La CGT a appelé ses adhérents à se mobiliser dès 8h30 en bleu de travail à l'entrée de l'usine et tiendra une conférence de presse à 14h pour dénoncer "pièces à l'appui les engagements non tenus" du président. FO pour sa part a décidé de boycotter la visite de François Hollande.

Ce dernier rencontrera la direction et les syndicats à 15h30 avant de se rendre au centre de recherche Metafensch d'Uckange puis de visiter l'usine Thyssenkrupp de Florange à 17h30.

Julien Marion