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La vérité sur le super bonus du PDG de la Fnac

Outre son salaire de 1,8 million d'euros annuel, Alexandre Bompard bénéficie d'un bonus exceptionnel lié au cours de bourse. Or, celui-ci a flambé depuis deux ans...

Outre son salaire de 1,8 million d'euros annuel, Alexandre Bompard bénéficie d'un bonus exceptionnel lié au cours de bourse. Or, celui-ci a flambé depuis deux ans... - Martin Bureau - AFP

Selon le Canard Enchaîné, Alexandre Bompard touchera d’ici la fin 2015 les fruits d’un "plan performance" qui pourrait lui rapporter plus de 11 millions d’euros, l’équivalent du quart du bénéfice de l’entreprise en 2014. Et ça pourrait être beaucoup plus. Explications.

C’est une somme digne d’une star du PSG. Selon le Canard Enchaîné de ce mercredi, Alexandre Bompard (grand amateur de ballon rond) pourrait toucher un sacré bonus en 2015 que l'hebdomadaire satirique évalue à 11,6 millions d’euros. Une somme qui représente plus du quart du bénéfice net réalisé par l’enseigne de produits culturels en 2014 (41 millions d’euros) et qui, selon le Canard Enchaîné, aurait ému jusqu’au Pinault père et fils, propriétaire via leur holding Artemis de 39% de la Fnac. Pas tant pour la somme en elle-même d’ailleurs mais plutôt pour les critiques qu’un tel montant risquait de susciter auprès de l’opinion. Leur inquiétude tient peut-être aussi au fait que ce bonus pourrait être en réalité bien plus important.

Pour comprendre le mécanisme, ils faut se pencher sur la rémunération d'Alexandre Bompard. Selon le rapport annuel, le patron de la Fnac a touché 1,8 million d’euros en 2014 (50% fixe, 50% variable), soit peu ou prou le même montant que l'année précédente. Pourquoi la rémunération devrait-elle bondir à 11,6 millions en 2015? C’est qu’en 2013, le conseil d’administration de l’enseigne a décidé lors de son introduction en bourse de mettre en place un plan de performance pour son PDG lui permettant de toucher un complément salarial dont le montant devait dépendre du cours de bourse au moment où il lui sera versé. Le rapport annuel précise que "197.925 unités de valeur ont été attribuées dont le versement en numéraire sera mis en œuvre pour deux tiers en octobre 2015 et pour un tiers en juillet 2016."

Peut-être plus de 15 millions en fait

Or, au cours actuellement de l’action Fnac (59 euros), cela représente la bagatelle de 11,67 millions d’euros. Une somme à laquelle ne s’attendaient pas les membres du conseil d’administration au moment de la mise en place de ce plan de performance. "Cet accord a été décidé alors que le cours de bourse était à 18 euros, rappelle-t-on du côté de la Fnac, or il a triplé depuis. Mais il faut se rappeler le contexte de l’époque, on ne donnait pas cher de la peau de la Fnac et tout le monde prédisait un fiasco en bourse." Bref un beau cadeau pour Alexandre Bompard d'autant que ce n'est pas le seul.

Selon le rapport annuel, un nouveau dispositif a été décidé par le conseil d'administration en février 2014, attribuant cette fois plus de 58.000 "unités de valeur" à Alexandre Bompard qu'il pourra toucher pour deux tiers en avril 2016 et pour un tiers en février 2017. Au cours actuel de l'action cela représenterait potentiellement une somme de 3,6 millions d'euros en plus des 11,6 millions initiaux... Soit un total de 15,2 millions d'euros.

Des sommes que Pierre Gattaz, le patron du Medef interrogé par France Info, juge logique. "Il faut récompenser le talent, le résultat et l'effort à tous les niveaux". Or poursuit-il, le PDG "a redressé la Fnac, eh bien bravo, il a droit à un bonus, à quelque chose, à condition qu'il y ait un partage de richesse".

Car Alexandre Bompard a réussi au prix d’un plan de 80 millions d’euros d’économie (avec la suppression de 510 postes) à redresser les comptes d’un groupe qui avait bouclé quatre exercices d’affilée dans le rouge. Surtout l’agitateur culturel a réussi dans un contexte de marché difficile à relancer ses ventes sur la fin de l’année 2014 (+2,3% de croissance au deuxième semestre) en élargissant son offre vers des produits à plus forte marge comme l’électroménager et en accordant plus de place en rayon pour les smartphones et les produits connectés.

Une stratégie saluée en Bourse comme en témoigne l’explosion du cours depuis deux ans. Reste que ce bonus de 11,6 millions d’euros risque de faire grincer des dents en interne. "C’est une somme complètement disproportionnée par rapport à ce que l’on touche surtout qu’on a vécu plusieurs plans sociaux et que les salaires n’ont pas évolué cette année", observe Bruno Marc, délégué Fnac CFTC. La participation des salariés du groupe a néanmoins progressé cette année puis qu’elle est passée de 205 à 414 euros brut.

Bompard réinvestit dans la Fnac

Pour couper court à la polémique, Alexandre Bompard a d’ores et déjà fait savoir à son conseil d’administration qu’il ne toucherait pas directement la somme du plan performance en numéraire. "Il s’est engagé à réinvestir la totalité de la somme en actions au cours actuel et à les conserver au moins deux ans, explique-t-on à la Fnac. Il n’y a pas beaucoup de chefs d’entreprise qui agissent de la sorte." Reste à espérer pour Alexandre Bompard que le cours de la Fnac continue de flamber.

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Frédéric Bianchi