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Football : Pourquoi Liverpool agrandit son stade en pleine crise?

Le stade d'Anfield, à Liverpool, va être agrandi.

Le stade d'Anfield, à Liverpool, va être agrandi. - -

Après des années de tractations, Liverpool a décidé d’agrandir son stade plutôt que de déménager. Mais même avec plus de 300 millions d'euros de dette, le club anglais a ses raisons. Explications.

Le mythique stade d’Anfield, où le Liverpool FC a élu domicile depuis 1892, va donc trouver une seconde jeunesse. Après maintes hésitations, les dirigeants du club l’ont annoncé ce lundi : il n’y aura pas de nouveau stade mais bien un agrandissement de l’actuel, ce qui portera de 45 000 à 60 000 places sa capacité. Coût du projet : 150 millions de livres, soit environ 185 millions d’euros.

Pourtant, les finances du club vont mal. A la peine sportivement, en proie à des problèmes internes (le limogeage de l’ancien entraineur Roy Hudgson a coûté plus de 10 millions d’euros), Liverpool n’a toujours pas réussi à atteindre l’équilibre budgétaire. Et ce alors qu’il accuse une dette de plus de 300 millions d’euros. Sachant que, dès l’année prochaine, entre en vigueur le Fair-play financier, qui imposera justement aux clubs européens l’équilibre de leurs comptes, pourquoi se lancer dans un tel investissement ?

Un quart des recettes totales liées au stade

Tout d’abord, car le fair-play financier ne concerne pas les investissements de grande ampleur destinés à augmenter les revenus d’un club. La construction ou les travaux effectués sur un stade en font partie.

Pour rappel, cette disposition, voulue par le président de l’UEFA Michel Platini, ne permettra plus aux clubs de dépenser plus que ce qu’ils génèrent. Ce qui doit –enfin en théorie- mettre fin aux dérèglements du marché provenant de mécènes de type Qatari (pour le PSG, Manchester City ou Malaga) ou russe (Chelsea, Zenith Saint-Petersbourg, Monaco). En clair, les propriétaires d’un club, aussi riches soient-ils, ne pourront plus injecter des fonds pour combler un déficit béant.

En investissant dans son stade, Liverpool s’inscrit au contraire dans cette logique, car Anfield dans sa nouvelle version génèrera de nouveaux revenus.

Ensuite car, à la différence des clubs français ultra-dépendants des droits TV, les revenus liés au stade représentent 24% du total (contre 13% en France). Avec la possibilité d’augmenter encore un peu plus ce taux : "La logique consiste à faire des stades plus grands pour augmenter la capacité d’accueil, notamment en VIP, qui rapporte beaucoup", confirme Olivier Monna, professeur au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges.

Construire plus petit et faire payer plus cher

Pour autant, et même si la demande des spectateurs est forte, les clubs anglais ne tiennent pas à construire des stades trop grands. "C’est le phénomène de rareté", poursuit Olivier Monna.

En clair, les clubs préfèrent construire plus petit pour vendre leurs places plus chères. Arsenal, qui a construit son Emirates Stadium il y a quelques années, avait envisagé une capacité de 80 000 places, avant de se raviser et de la porter à 60 000.

Résultat : les prix grimpent en flèche et les fans ont maintenant la possibilité de payer pour obtenir leur inscription sur…une liste d’attente. Avant, peut-être un jour, de pouvoir assister au match de leur équipe favorite. Mais ça, ce n’est peut-être pas ce qu’avaient imaginé les fidèles supporters d’Anfield...

Yann Duvert