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Ford défie Trump en délocalisant au Mexique

Ford va délocaliser une partie de sa production.

Ford va délocaliser une partie de sa production. - Justin Sullivan - AFP

Le constructeur automobile compte toujours délocaliser la production de ses petites voitures. Le futur président avait pourtant clairement dénoncé ce projet durant la campagne.

Ford compte toujours délocaliser la production de ses petites voitures au Mexique. "Notre plan reste d'emmener notre (voiture citadine) Focus vers le Mexique pour faire de la place à deux projets excitants dans notre centre du Michigan (nord)" où se trouve le siège du groupe, a affirmé le patron de Ford Mark Fields à des journalistes mardi à l'ouverture du salon Automobility de Los Angeles.

Interrogé sur le spectre de taxes à l'importation de 35% pour les voitures produites au Mexique puis importées aux États-Unis, comme l'a évoqué le candidat républicain durant sa campagne, Mark Fields a répliqué qu'elles "seraient imposées à l'ensemble du secteur automobile et cela aurait un fort impact sur l'économie américaine. Je continue à croire que les bonnes politiques seront adoptées car nous avons tous en tête le même but, une économie américaine saine et vibrante".

Partisan du libre-échange

Quant aux possibles conséquences de la renégociation ou révocation d'accords commerciaux existants comme l'Alena avec le Mexique et le Canada, il a réaffirmé que le numéro deux américain de l'automobile était partisan "du libre-échange et d'un (commerce international) équitable". Il faisait ainsi écho aux propos tenus par Harald Krüger, patron de BMW, dans la foulée de l'élection du magnat de l'immobilier.

Mark Fields a conclu que son groupe se réjouissait "à l'idée de travailler avec la nouvelle administration et le nouveau Congrès" et que Ford continue à militer en faveur de réglementations "contre les manipulations de changes, pour des règles sur (une moindre consommation) de carburant des véhicules qui soient en phase avec les réalités du marché, pour une réforme fiscale et pour l'adoption en sécurité des voitures autonomes".

Chantre d'un patriotisme économique, Donald Trump avait fait de la critique des groupes délocalisant à l'étranger un de ses principaux arguments de campagne. Le géant de l'informatique Apple a été l'une de ses principales cibles.

Inquiétude du secteur tout entier

Ford avait dévoilé début avril un investissement de 1,6 milliard de dollars dans un nouveau site au Mexique, où la main d'oeuvre est très bon marché comparé aux États-Unis. Au-delà de Ford, la délocalisation d'usines par les constructeurs américains, malgré des ventes record, est fustigée par des politiciens et des élus locaux, notamment parce que General Motors et Chrysler - pas Ford - avaient été sauvés de la faillite en 2009 avec des fonds publics.

Signalant l'inquiétude du secteur tout entier, au-delà des États-Unis, sur les décisions que prendra le président Trump, le patron de la fédération automobile allemande, Matthias Wissmann, a récemment rappelé que des barrières commerciales supplémentaires nuiraient autant aux États-Unis qu'à leurs partenaires commerciaux.

Remise en cause des subventions gouvernementales

Pour Jessica Caldwell, analyste du portail automobile Edmunds.com, le défi le plus immédiat créé par une administration Trump, plus encore que la renégociation d'accords commerciaux internationaux, réside dans une éventuelle remise en cause des subventions gouvernementales sur les voitures électriques.

Donald Trump, qui a nié par le passé l'existence du changement climatique, a laissé entendre lors de sa campagne qu'il allait fermer l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), et son gouvernement pourrait décider de renoncer à toutes mesures fédérales d'incitation à l'achat de voitures non polluantes. "Déjà maintenant avec les aides fédérales, les voitures électriques se vendent mal", remarque-t-elle, ajoutant que les constructeurs ont dépensé des dizaines de millions de dollars pour faire baisser la consommation d'essence et les émissions polluantes.

D. L. avec AFP