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France 24: l'audience plafonne et la publicité recule

L'audience à Abidjan sur les 30 derniers jours est passée de 83% à 74% entre 2012 et 2013

L'audience à Abidjan sur les 30 derniers jours est passée de 83% à 74% entre 2012 et 2013 - -

En 2013, l'audience de la chaîne publique d'information internationale a légèrement baissé pour la première fois après des années de croissance ininterrompue. Et les recettes publicitaires ont reculé d'un tiers.

Sept ans après son lancement, France 24 a-t-elle atteint son potentiel maximal? En tous cas, l'audience de la chaîne publique d'information plafonne, après plusieurs années de croissance ininterrompue.

Pour la première fois en 2013, elle a même très légèrement reculé. L'audience hebdomadaire cumulée a ainsi baissé de 0,7%, pour atteindre 41,4 millions de téléspectateurs.

Cette baisse est dûe à un recul en Afrique et au Moyen Orient, couplée à une stagnation en Europe (cf. ci-contre).

French bashing

Toutefois, ce chiffre est à manier avec précaution. En effet, il ne concerne que les 56 pays où l'audience est mesurée. Or France 24 est diffusée au total dans 180 pays, sans que son audience n'y soit encore quantifiée. Il s'agit notamment des pays (comme l'Inde) où la chaîne, qui continue son expansion, vient de se lancer.

Interrogée, la chaîne admet "une stabilisation globale" des audiences en 2013, et avance plusieurs explications.

D'abord, "une année moins porteuse en actualité internationale".

Ensuite, "l’ensemble des chaînes d’information internationales connaît une tendance baissière, liée à une concurrence accrue, et particulièrement à la multiplication des offres locales".

En outre, "le french bashing constaté en 2013 dans certaines capitales africaines (en Côte d’Ivoire, au Mali…) se traduit par une perte chez les personnes sondées, qui n’osent plus dire connaître ou regarder France 24, alors qu’ils en connaissent pourtant tous les contenus".

Enfin, la chaîne assure avoir mené "une opération de transparence sur les audiences", en ne comptabilisant désormais uniquement l'audience mesurée, et non plus estimée...

Renvoyer la balle

Pour ne rien arranger, les recettes publicitaires de la chaîne ont chuté d'un tiers en 2013, pour tomber à leur plus bas historique! A 1,6 million d'euros, elles sont très loin des prévisions (5,8 millions), ou du budget (2,9 millions).

Interrogée, la chaîne explique que ce recul n'a pas de rapport avec ses audiences, et rappelle que sa publicité est commercialisée par la régie de France Télévisions. Selon France 24, ces résultats "sont en partie liés à des questions internes à la régie de France Télévisions depuis résolues: absence de directeur international, nouvelle organisation interne, problèmes sur la commercialisation des offres numériques… Des solutions ont été mises en place à l’initiative de France 24 pour y faire face. Depuis début 2014, ces efforts se traduisent par un redressement significatif du chiffre d’affaires publicitaire".

Autre facteur: depuis 2013, la régie de France Télévisions touche seulement une commission sur la publicité qu'elle vend sur France 24, alors qu'auparavant la régie garantissait les recettes de France 24 de sa propre poche, ce qui était plus motivant.

Interrogée, la régie de France Télévisions n'a pas répondu. Mais, dans un rapport parlementaire, elle avait expliqué cette chute par "la concurrence croissante sur le secteur des chaînes d’information internationales, et la concentration des achats d’espaces sur les chaînes leaders sur le marché européen".

Le titre de l'encadré ici

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Les recettes publicitaires (en millions d'euros)

2007: 1,7
2008: 1,9
2009: 2,1
2010: 2,1
2011: 1,7 (3,2 garantis)
2012: 2,3 (3,7 garantis)
2013: 1,6
2014: 2,3 (budget)

Source: rapports sur le budget

Le titre de l'encadré ici

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Audience hebdomadaire cumulée (en millions de télespectateurs, en 2013)

Afrique francophone: 17,9 (-3%)
Afrique non francophone: 1,8 (+38%)
Europe: 4,4 (=)
Maghreb & Moyen Orient: 17,1 (-2%)
Hors EMEA: 0,2 (=)

Total: 41,4 (-0,7%)

Source: TNS Sofres, Ipsos, Synovate, Rapport annuel de performance

Jamal Henni