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France Télévisions lancera son "Netflix" à l'automne

Jusqu'à fin 2015, France Télévisions ne détenait pas les droits de ses programmes pour une exploitation en vidéo à la demande illimitée

Jusqu'à fin 2015, France Télévisions ne détenait pas les droits de ses programmes pour une exploitation en vidéo à la demande illimitée - Sipa Christian Geisselman

Le service de vidéo à la demande illimitée des chaînes publiques sera lancé sans TF1, ni M6, ni Canal Plus, et comptera sur la bonne volonté des producteurs pour co-investir.

Promis pour le 31 mars 2017, le service de vidéo à la demande illimitée de France Télévisions devrait finalement voir le jour à l'automne 2017. Le tarif "sera en-dessous du prix de Netflix", annonce la PDG Delphine Ernotte au Figaro, et précise: "On y verra du cinéma, des séries, des documentaires et de l'animation. Il sera fait pour toutes les fictions, à partir du moment où elles sont françaises. On pourra retrouver des fictions produites pour TF1 ou d'autres".

Nouveau modèle plus risqué

Mais la patronne du service public admet: "Nous ne possédons pas les droits des œuvres que nous avons financées, et nous n'avons pas les moyens d'en acheter". En pratique, elle écarte donc le modèle où France Télévisions achèterait à l'avance les droits des programmes du site. C'est pourtant le modèle actuellement en vigueur, mais qui revient cher. Par exemple, TF1 avait estimé que cet achat de droits représentait une mise de départ minimale de 50 millions d'euros, chiffre qui avait fait reculer la Une... 

Delphine Ernotte propose donc un autre modèle, où les producteurs de programmes ne reçoivent pas d'argent au départ, mais uniquement au fur et à mesure du développement du service. Précisément, elle propose de partager avec les producteurs les revenus des abonnements. "Des discussions sont en cours notamment avec Banijay Zodiak, Cyber group, Lagardère, Makever, Media-participations, Univers Ciné, Newen, Millimages, Xilam et Tétramedia", indique France Télévisions dans un communiqué publié dimanche. Reste à savoir si ces producteurs accepteront ce modèle moins lucratif et plus risqué... D'autant que certains producteurs sont détenus par des concurrents du service public, comme Newen (filiale de TF1) ou Banijay Zodiak (détenu à 25% par Vivendi).

La situation s'améliorera pour les futures productions commandées par les chaînes publiques: en effet, elles détiennent désormais les droits pour la vidéo à la demande illimitée durant les trois premières années, aux termes d'un accord passé avec les producteurs fin 2015.

Pas de grande alliance

Autre revers: Delphine Ernotte, qui "rêvait d'une alliance des médias français", n'est pas parvenue à rallier à son projet ni TF1, ni M6, ni Canal Plus. Elle déclare aujourd'hui: "J'ai tendu la main à tous les acteurs et je reste ouverte à toute proposition. Nous avons commencé à faire des choses avec les autres médias francophones grâce à l'aide de TV5 Monde. Nous travaillons avec la RTBF, et nous sommes disposés à le faire avec tous les médias francophones". Mais surgit ici un autre problème: les chaînes francophones ne détiennent en général que les droits des programmes pour leur propre pays, car ces droits sont vendus pays par pays...

Maigre consolation: le projet rival de Canal Plus a lui aussi du plomb dans l'aile. Il devait être lancé en septembre 2016 en couvrant la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, ces deux derniers pays grâce à une alliance avec Mediaset, qui devait rentrer au capital du service aux côtés des majors hollywoodiennes. Las! La guerre est désormais déclarée avec le groupe de Silvio Berlusconi. Quant à l'Allemagne, un service qui existait déjà depuis 2013, vient de fermer... Mais le projet de la filiale de Vivendi n'est pas abandonné, assurent des sources internes. Et en attendant, un service limité à de la musique a été lancé en octobre au Brésil pour 12,9 reals par mois (4 euros).

Jamal Henni