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Pourquoi France Télévisions ne parvient pas à réduire ses effectifs

Le PDG Rémy Pflimlin a annoncé un nouveau plan de départs volontaires

Le PDG Rémy Pflimlin a annoncé un nouveau plan de départs volontaires - -

Le patron Rémy Pflimlin vient d'annoncer un nouveau plan de départs volontaires, mais les deux précédents n'ont pas été couronnés de succès.

"C'est quand même étrange. France Télévisions a promis de diminuer ses effectifs, et pourtant ils augmentent...", déplorait il y a quelques semaines une source gouvernementale. En effet, le budget 2012 -à peu près respecté à cette heure- table sur 10 403 équivalents temps plein, soit 45 de plus qu'en 2011, et 196 de plus qu'en 2010. Quant aux charges de personnel, elles sont reparties à la hausse: elles devraient finalement atteindre cette année 37,7% des charges d'exploitation, soit plus que prévu (37%). 

Certes, le PDG Rémy Pflimlin vient d'annoncer un plan d'économies drastiques, qui incluera une nouvelle série de départs volontaires -difficile de faire autrement, le personnel étant le principal poste de coût avec les programmes.

Mais le bilan des deux derniers plans de départs volontaires n'est pas fameux. Celui qui s'achève, lancé en 2009 et proposé aux 60 ans et plus, devait faire partir 844 salariés à fin 2012, chacun touchant en moyenne 40 300 euros bruts. Certes, selon la direction, cet objectif est à peu près tenu, avec 800 volontaires au départ. Mais le problème est que les trois quarts d'entre eux sont remplacés, alors qu'il était prévu d'en remplacer seulement un quart.

Le même phénomène s'était produit lors du plan précédent (210 départs) lancé en 2007. Selon la Cour des comptes, 57% de ces départs ont été finalement remplacés, mais le taux monte à 60% si l'on tient compte des salariés redéployés dont l'emploi a été maintenu. C'est encore pire si l'on tient compte des effectifs de la holding... Auparavant, la direction avait procédé à une soixantaine de départs transactionnels, une méthode jugée trop coûteuse par la Cour des comptes (155 000 euros par salarié en moyenne).

Recrutements importants dans le numérique

Comment expliquer cet éternel recommencement? D'abord, sous Patrick de Carolis, le groupe a, à la demande du gouvernement, accordé des statuts permanents à beaucoup d'intermittents. Ainsi, l'emploi précaire est tombé de 22,4% à 16,2% de l'effectif entre 2004 et 2009, mais il a ensuite à nouveau explosé, remontant à 19,1% en 2011.

Explication officielle: la mise en place de l'entreprise commune entraîne un surcroit temporaire de travail pour unifier l'informatique, les RH, les finances... Résultat: une hausse des effectifs purement "conjoncturelle", qui s'inversera -c'est promis- une fois l'entreprise unique mise en place... Le contrat d'objectifs et de moyens conclu l'an dernier promet d'ailleurs une baisse de 5% des effectifs entre 2013 et 2015.

A cela s'ajoute toutefois d'autres explications moins reluisantes. En particulier, chaque nouveau patron fait venir son équipe à lui. Ainsi, Bruno Patino, le directeur général délégué au numérique arrivé fin 2010, a procédé à moult recrutements. Selon des sources internes, il aurait embauché plus de 60 personnes, auxquelles s'ajoutent au moins 20 consultants présents en permanence. Des chiffres non confirmés par la direction, qui assure que seules "22 personnes ont été recrutées en 2011 dans le numérique". Quant aux consultants, "ils ne sont présents que sur des missions ponctuelles et des projets bien identifiés et ciblés dans le temps".

Jamal Henni