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François Pérol estime que "les planètes étaient alignées" pour quitter BPCE et rejoindre Rothschild

Le départ de François Pérol met fin à une époque pour l'ensemble mutualiste.

Le départ de François Pérol met fin à une époque pour l'ensemble mutualiste. - Eric Piermont - AFP

Le départ de François Pérol était inattendu, son mandat courait jusqu'en 2020. "C'est je pense le bon moment pour moi, pour le groupe BPCE, qui va bien, et pour mon successeur, Laurent Mignon, qui est prêt, explique-t-il dans une interview au Figaro.

"Le conseil de surveillance du Groupe BPCE (...) a décidé, à l'unanimité et conformément à l'avis rendu par le comité des nominations, de nommer Laurent Mignon à la présidence du directoire du Groupe BPCE en remplacement de François Pérol à compter du 1er juin 2018", a annoncé le groupe tard dans la soirée de jeudi, confirmant des informations de Challenges et des Échos.

Le départ de François Pérol met fin à une époque pour l'ensemble mutualiste, né de l'union des Banques populaires et des Caisses d'épargne, qui n'a pas connu d'autre dirigeant depuis sa fondation en 2009 dans la foulée de la crise financière.

"Cela fait presque dix ans que je suis à la tête du groupe BPCE. Je me suis simplement dit que le moment était venu d'en transmettre la direction à une personnalité différente, qui aura sa propre énergie et sa propre manière de faire", explique François Pérol, dans un entretien au Figaro publié samedi.

"C'est je pense le bon moment pour moi, pour le groupe BPCE, qui va bien, et pour mon successeur, Laurent Mignon, qui est prêt. Les planètes étaient alignées. Pour ce qui me concerne, il ne s'agit ni de lassitude ni de fatigue. Je crois que dix ans, c'était un temps nécessaire pour faire des choses et un temps raisonnable pour passer à autre chose", ajoute-il.

Pérol a déjà travaillé chez Rothschild & Co dans les années 2000

Il va rejoindre un établissement lui-même en pleine succession: la banque d'affaires Rothschild & Co, qui vient d'annoncer l'arrivée prochaine à sa tête d'Alexandre de Rothschild, fils de l'actuel président, David de Rotschild.

Rothschild & Co a fait part vendredi matin de l'arrivée de François Pérol, qui connaît bien l'univers de Rothschild pour y avoir travaillé dans les années 2000. Il sera membre, en tant qu'associé gérant, du trio de tête, sous la direction de M. Rotschild et aux côtés d'un co-président du comité exécutif, Robert Leitão.

Natixis a, de son côté, annoncé le remplacement de Laurent Mignon par François Riahi, qui encadrait au niveau mondial les activités de grande clientèle de la filiale de BPCE, cotée en Bourse contrairement au reste du groupe mutualiste.

Le numérique au coeur de son action

Le départ de François Pérol était inattendu, alors que son mandat courait jusqu'en 2020 et qu'il venait d'imprimer à son groupe un nouveau plan stratégique jusqu'à cette échéance. Au coeur de ce projet, l'adaptation au numérique de la banque de détail de BPCE, la deuxième de France avec une trentaine de millions de clients.

A ce titre, la CFDT a prévenu, dans un communiqué, qu'elle "s'interroge sur le devenir des nombreux projets en cours" et demandé à rencontrer rapidement Laurent Mignon, tout en saluant l'action de François Pérol.

François Pérol a par ailleurs été blanchi en appel l'an dernier de prise illégale d'intérêts: ces accusations étaient liées à son passage direct en 2009 de l'équipe de Nicolas Sarkozy, à l'époque président de la République, à la tête de BPCE. Conclusion de longues années de procédures judiciaires, cette relaxe avait dégagé son avenir à la tête du groupe.

Un engagement salué par le conseil de surveillance

BPCE a annoncé en février une légère baisse de ses revenus en 2017, sous le coup du bas niveau des taux d'intérêt, qui avait toutefois été contenue par l'excellente performance de Natixis.

Dans un communiqué distinct, le conseil de surveillance de BPCE a salué "l'exceptionnel engagement de François Pérol depuis 2009 au service du groupe, de ses sociétaires et clients ainsi que de l'ensemble de ses salariés".

"Sous son impulsion et son autorité, BPCE a été en mesure de surmonter la crise de 2008-2009 et de devenir aujourd'hui le deuxième groupe bancaire et d'assurance en France et l'un des dix premiers en Europe, fort d'un haut niveau de solvabilité et d'une rentabilité solide", a-t-il ajouté.

Laurent Mignon, également âgé de 54 ans, était directeur général de Natixis depuis mai 2009. Au sein du groupe BPCE, il est membre du Comité de Direction Générale depuis 2009 et membre du Directoire depuis 2013.

Diplômé de HEC en 1986 et de l'université de Stanford (Californie), il est passé par les banques Indosuez et Schroders, puis aux AGF (Assurances Générales de France) à partir de 1997, occupant notamment les postes de directeur financier puis de directeur général et président du Comité exécutif. "De mi-2007 à 2009, il était associé gérant de Oddo & Cie", a rappelé BPCE.

La rédaction avec AFP