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Free repart à l'attaque contre Bouygues Telecom

Free et Bouygues Telecom se font des procès depuis des années

Free et Bouygues Telecom se font des procès depuis des années - Bertrand Guay AFP

"Free a porté plainte contre son rival devant le tribunal de commerce pour "dénigrement" et "concurrence déloyale", réclamant d'importants dommages et intérêts. "

Pendant les négociations de paix, la guérilla juridique continue. Free est reparti à l'attaque contre Bouygues Telecom, portant plainte pour "dénigrement" et "concurrence déloyale", et réclamant d'importants dommages et intérêts à son rival.

Cette plainte est la réponse du berger à la bergère. En effet, fin 2014, la filiale du groupe Bouygues avait rouvert les hostilités en réclamant à Free 411 millions d'euros de dommages et intérêts devant le même tribunal, l'accusant de "pratiques commerciales trompeuses", comme l'avait révélé L'Express.

La carotte et le bâton

Il faut noter que Free a déposé cette nouvelle plainte le 10 novembre, à une date où les discussions pour le rachat de Bouygues Telecom par Orange démarraient à peine -elles ont été révélées par l'agence Bloomberg un mois plus tard.

Free manie donc peut-être simultanément la carotte et le bâton. Car si l'opérateur conclut prochainement un accord pour racheter le réseau de Bouygues Télécom, cet accord pourrait inclure aussi la fin des procès entre les deux acteurs. C'est déjà ce qu'il s'était passé au printemps 2014, lorsque Bouygues Telecom avait essayé de racheter SFR. La filiale du groupe de BTP avait alors conclu des accords amiables avec Orange, SFR et Free pour mettre mutuellement fin à tous leurs procès. Toutefois, à l'époque, la motivation de Bouygues était avant tout de trouver du cash pour financer son offre sur SFR, et avait récolté 400 millions d'euros dans ces transactions amiables.

Un long passif judiciaire

Rappelons que Free et Bouygues Telecom s'affrontent devant les tribunaux depuis des années. En 2010, chacun avait porté plainte contre l'autre pour des propos jugés dénigrants. Xavier Niel se voyait reprocher ses déclarations sur BFM Business: "Malheureusement, nos concurrents ne sont pas capables d'inventer. Le seul qui est capable de bouger, c'est France Télécom, c'est dire si les autres sont mauvais. On invente, les autres copient... Je qualifie ces acteurs de parasites, mais c'est mon avis. Ça me vaudra une mise en examen." Réciproquement, Martin Bouygues était attaqué pour une interview dans Les Echos: "Si l'on veut plus de concurrence et faire baisser les prix pour le consommateur, Free serait donc déjà bien inspiré de réduire un peu ses marges sur l'ADSL avant de penser à venir sur le mobile. Et déployer un réseau 3G pour un milliard d'euros, comme l'affirme Free, me paraît impossible, sauf à faire le coucou sur le réseau des opérateurs en place". Finalement, le tribunal de commerce avait renvoyé dos à dos les deux opérateurs, les condamnant chacun à payer un euro à l'autre.

Racket, arnaque, escroquerie

Rebelote fin 2012. Bouygues Telecom re-porte plainte devant le même tribunal, reprochant à Free d'avoir, lors du lancement de son offre mobile, qualifié les clients de Bouygues de "pigeons" se faisant "gruger". Free avait riposté en reprochant à Bouygues de qualifier son offre mobile de "calamité" et de "scandaleuse". Finalement, le tribunal avait ordonné à Free de ne plus utiliser les mots "racket, arnaque, escroquerie" et de payer 25 millions d'euros à Bouygues Telecom, qui en retour devait verser 5 millions d'euros à son rival. Free avait fait appel, mais l'avait retiré lors de l'accord amiable mettant fin à tous les contentieux avec Bouygues.

Interrogé, Free s'est refusé à tout commentaire.

Jamal Henni