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L'action Lagardère se redresse après l'échec de la fusion EADS/BAE

Une vente des 7,5% d'EADS permettrait à Arnaud Lagardère de se désendetter

Une vente des 7,5% d'EADS permettrait à Arnaud Lagardère de se désendetter - -

Le groupe d'Arnaud Lagardère avait critiqué le projet, jugeant qu'il n'était pas assez favorable pour lui

L'action Lagardère, jusqu'alors en nette baisse, s'est reprise subitement mercredi 10 octobre à l'annonce de l'échec de la fusion entre EADS et BAE, et était stable vers 16h. Une explication possible est que le groupe d'Arnaud Lagardère avait critiqué le projet le 1er octobre, estimant que les modalités ne lui étaient pas assez favorables.

Néanmoins, ce répit pourrait être de courte durée. En effet, cet échec fait revenir Lagardère à la case départ, à nouveau scotché avec 7,5% d'EADS difficiles à vendre. Pour cette raison, le projet de fusion avait été jugé favorable aux actionnaires de Lagardère par plusieurs analystes. "Cette opération devrait aider Lagardère à vendre ses 7,5% dans EADS, écrivait ainsi Exane BNP Paribas le 13 septembre. En effet, elle devrait probablement conduire à une révision du pacte d'actionnaires actuel d'EADS, et pourrait accélérer la sortie de Lagardère attendue depuis longtemps".

Le broker rappellait qu'Arnaud Lagardère "veut vendre ces 7,5% depuis longtemps, mais des contraintes internes (lancement de l'A350) et la nécessité de respecter l'équilibre franco-allemand au sein du capital ont rendu cette vente difficile -d'autant plus qu'il n'y a aucun acquéreur français évident".

Un jackpot pour desserrer l'étau financier d'Arnaud

Vendre les 7,5% d'EADS est crucial pour Arnaud Lagardère. En effet, son objectif est de réaliser une grosse cession afin de pouvoir distribuer un super-dividende aux actionnaires de son groupe, à commencer par lui-même (il détient 10% du capital). Ce super-dividende permettra au co-gérant d'alléger enfin sa lourde dette personnelle, qui s'élève à plus de 400 millions d'euros.

Hélas, la marge de manoeuvre de l'héritier est réduite. Selon des sources industrielles, les banques du groupe lui ont interdit de distribuer un super-dividende avec le produit de la cession d'actifs majoritaires (comme les magazines à l'étranger ou les radios en Russie), qui doit servir au désendettement. Ce serait une des clauses des crédits bancaires du groupe, notamment du prêt bancaire de 1,6 milliard d'euros conclu en janvier 2011 (interrogé sur ce point, le groupe n'a jamais répondu).

Le super-dividende ne pourra donc provenir que de la vente de participations minoritaires: Canal Plus, Marie Claire, Amaury... et surtout EADS, de loin la plus grosse d'entre elles, qui représente à elle seule près de 60% de la capitalisation boursière de Lagardère. Depuis plusieurs années, Arnaud Lagardère déclare donc qu'il veut vendre ces participations minoritaires, mais sans aboutir jusqu'à présent.

Acessoirement, la vente des participations minoritaires réduirait aussi la décôte de holding dont souffre le groupe. En pratique, Exane estimait que le groupe pourrait distribuer 50% du produit de la vente d'EADS (comme il l'avait fait dans le passé sur le produit de la vente des actions T-Online), ce qui donnerait un super-dividende de près de sept euros par action.

Jamal Henni