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Fusion Fnac/Darty: pourquoi ce n'est pas encore gagné

Alors qu'il y a quelques semaines, la fusion de la Fnac avec Darty semblait en bonne voie, l'enseigne de produits culturels fait valoir de nouveaux arguments pour emporter le morceau. Darty vient de demander un nouveau délai et attend désormais une meilleure offre de la Fnac.

Darty va encore réfléchir. Alors que le distributeur avait jusqu'à ce mercredi 28 octobre pour se prononcer sur l'offre de rachat de la Fnac, il vient de demander un nouveau délai "afin de pouvoir examiner la possibilité d'une offre améliorée". Il faudra donc attendre jusqu'au 11 novembre pour savoir s'il répond positivement à cette demande en mariage.

Car les choses ne se passent pas aussi bien que l'espérait le groupe d'Alexandre Bompard, le PDG de la Fnac. Ce dernier s'est lancé dans une opération séduction pour emporter le morceau. Alors qu'on attendait une réponse de Darty ce mercredi 28 octobre, la Fnac est sortie du bois hier en diffusant un communiqué. Le rachat de Darty par la Fnac générerait 85 millions d'euros de synergies par an, a assuré dimanche le distributeur de produits technologiques et culturels citant, pour appuyer son propos, une étude du cabinet d'audit EY.

Coût des synergies: 65 millions 

Près de la moitié des économies identifiées "devraient provenir de synergies d'achat sur les segments des produits bruns (TV, Hi-Fi), des produits gris (informatique) et du petit électro-ménager, sur lesquels Fnac et Darty sont tous les deux présents". Autrement dit, la nouvelle entité aurait une puissance d'achat bien supérieure ce qui lui permettrait de réaliser aux alentours de 40 millions d'euros d'économies par an.

L'autre moitié, précise le communiqué, "devrait provenir notamment de l'optimisation de la logistique et du transport, de l'intégration de certaines fonctions support au niveau des sièges au Royaume-Uni, en France et en Belgique, et d'économies sur les achats de prestations de services". La mise en oeuvre de ces synergies aurait évidemment un coût (que la Fnac estime à 65 millions d'euros) mais qui serait rentabilisée dès la première année si on en croit les projections de l'enseigne.

Le patron de Darty plus hostile qu'il n'y paraît

Des estimations pas très enthousiasmantes, si l'on en croit les experts du secteur. "Surtout que les synergies sont probablement surestimées et les coûts sans doute sous-estimés, explique Yves Marin, spécialiste de la distribution chez Kurt Salmon. Au final ça fait des économies pas délirantes qui ne sont pas forcément de nature à convaincre les actionnaires qui hésitent."

Car si la Fnac assure avoir reçu le soutien d'un quart d'entre eux, dont le fonds néerlandais Knight Vinke (14,3 % du capital de Darty), il reste les autres trois quarts à convaincre. Sachant qu'en plus le management français de Darty est très réfractaire au projet. Le conseil d'administration, pas convaincu par le projet, y est défavorable et tente de décourager les actionnaires. Et si Régis Schultz, le patron de Darty, assure dans Le Monde n'être "ni pour ni contre", il serait, selon nos informations, particulièrement hostile au projet et s'activerait en coulisse pour le faire capoter. Le courant ne passerait pas très bien entre lui et Alexandre Bompard, le PDG de la Fnac.

La prime de la Fnac a beaucoup diminué

Enfin reste la question du montant de l'opération. "La valorisation pose problème et Darty estime qu'elle pourrait être bien supérieure", avance Yves Marin. L'offre de la Fnac valorise Darty à hauteur de 533 millions de livres soit 720 millions d’euros. Or, depuis l'offre de rachat, le cours de Darty a flambé de 23% et la prime initiale qui était de 27% diminue comme peau de chagrin. La Fnac va donc devoir revoir son offre à la hausse et surtout prévoir une partie en cash. Car dans la proposition initiale il n'y avait qu'un échange d'actions. Bref, la Fnac a encore du pain sur la planche pour gagner son pari.

Côté Darty, la réponse se fera donc encore attendre avec ce nouveau délai demandé. Si l'offre de la Fnac n'est pas améliorée, Le groupe pourrait donc refuser purement et simplement la proposition. Ce qui contraindrait l'enseigne d'Alexandre Bompard au passage en force en engageant une OPA hostile.

Frédéric Bianchi