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Energie

Gaz de schiste: pourquoi il est si difficile d'estimer les réserves disponibles

Manifestation contre le gaz de schiste, le 10 mai 2011 à Paris.

Manifestation contre le gaz de schiste, le 10 mai 2011 à Paris. - -

Une étude américaine sur le gaz de schiste estime les réserves françaises à 345 millions de barils. Soit 24% de moins que la précédente étude. Pourquoi de tels écarts?

La France aurait suffisamment de gaz et de pétrole de schiste pour assurer sa consommation d'hydrocarbure pour 77 ans! C'est l'une des conclusions d'une étude du département américain de l'énergie parue ce mardi 11 juin. Mais un an plus tôt, ce même bureau fédéral de l'énergie estimait que l'Hexagone disposait de ressources pour un siècle. Pourquoi une telle variation dans les évaluations?

"Estimer les réserves d'hydrocarbure non conventionnel, c'est comme regarder dans la grange par le trou de la serrure pour estimer la taille de la réserve de blé, sans voir les bords ni la taille de la meule".

La phrase est de Christian Bataille, député socialiste du Nord, qui a publié le 6 juin un rapport prônant l'exploration des réserves d'huile et de gaz de schiste. Le but, justement: pouvoir "évaluer précisément les stocks de la France, et donc savoir s'il est rentable de les exploiter". "Tant qu'on n'aura pas foré, on n'aura que des estimations contradictoires", assure-t-il.

La Pologne révise ses ambitions à la baisse

Pour faire leurs estimations, les Américains se basent sur des estimations géologiques. Par exemple, ils peuvent considérer qu'il doit y avoir autant de ressources dans les roches du nord de la France que dans la même surface de l'Alberta, au Canada, dont le paysage est assez similaire.

En fracturant les sols pour en dégager gaz et huile, la Pologne, considérée comme la première réserve européenne, a ainsi largement revu à la baisse la taille de ses réserves par rapports aux estimations.

En France, la fracturation hydraulique, seule méthode connue à ce jour pour exploiter les sources d'énergie prisonnières des roches, est interdite, jugée trop polluante. En attendant son autorisation, ou la découverte d'une nouvelle technique, les estimations sont à prendre avec beaucoup de pincettes. Comme l'admet Christian Bataille, les réserves françaises peuvent être "faramineuses", aussi bien que "minimes".

Nina Godart