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Google plus fort qu'Apple

Pour la première fois depuis 2007, Google (Alphabet) est passé devant Apple en terme de capitalisation boursière. La firme de Tim Cook paie son iPhone-dépendance alors que Google confirme sa suprématie et explore de nouveaux territoires.

C'est peut-être un changement d'ère auquel on assiste. Celle de la prise de pouvoir des services internet dans la high-tech et dans l'économie mondiale. Pour la première fois de son histoire, Google -renommé Alphabet l'été dernier- vient de détrôner Apple et est devenu la société cotée la plus valorisée au monde. La firme de Larry Page valait à l'ouverture de Wall Street ce mardi 2 février aux alentours de 543 milliards de dollars contre 530 milliards pour celle de Tim Cook. Le tout notamment grâce à des résultats publiés la veille et meilleurs que prévu. L'an dernier le bénéfice net de la firme de Mountain View a grimpé de 12% à 15,8 milliards de dollars, et son chiffre d'affaires de 14% à près de 75 milliards de dollars.

L'écart entre les deux géants de la Silicon Valley ne cessait de se réduire depuis quelques mois. Il y a encore un an la valorisation d'Apple était près de 330 milliards de dollars supérieure à celle de Google. Autant dire qu'un océan séparait les deux mastodontes. Apple semblait intouchable du haut de ses 690 milliards de capitalisation boursière.

Mais voilà, depuis, l'avenir du fabricant de l'iPhone s'est obscurci quand celui du géant de Mountain View s'est dégagé. Si les ventes d'Apple sont restées solides en 2015, Tim Cook a reconnu la semaine dernière que pour la première fois depuis son lancement, l'iPhone se vendrait moins sur le prochain trimestre. Or, le smartphone c'est le nerf de la guerre d'Apple. L'iPhone représente les deux tiers du chiffre d'affaires de la firme et surtout l'essentiel des bénéfices. Sans lui, Apple ne ferait sans doute pas partie des fameux Gafa aujourd'hui. Résultat: quand l'iPhone éternue, c'est Apple qui s'enrhume. Et la Bourse le fait cruellement payer à Apple qui échoue à construire un nouveau pilier de croissance. L'iPad est en chute libre depuis bientôt deux ans, le Mac accuse le coup à son tour et si la Watch se vend correctement, elle reste pour l'heure sur un marché de niche qui mettra sans doute des années avant de peser autant que les smartphones (s'il y parvient un jour).

Apple s'enferme, Google est universel

Tim Cook qui a brillamment fait fructifier l'héritage Steve Jobs peine à inventer la suite. Si les rumeurs sont nombreuses (dans l'automobile, dans la réalité virtuelle, dans la vidéo...), aucun projet ne semble sur le point d'aboutir. Alors que Steve Jobs réussissait avec l'iPhone, l'iPad ou l'iPod à avoir un quart d'heure d'avance, Tim Cook donne l'impression d'avoir une bonne demi heure de retard. Alors que Facebook s'apprête à se lancer dans la réalité virtuelle, que Netflix domine le monde de la vidéo et que Google n'a jamais été aussi proche de lancer ses voitures, Apple hésite, peaufine et au final se fait dépasser par des sociétés plus agiles.

A commencer par Google. Alors qu'Apple donne l'impression de s'enfermer dans une niche (des services et des produits de qualité mais de moins en moins abordable), Google lui se veut universel. Dans le smartphone, il écrase la concurrence avec une part de marché de près de 80% et sa suprématie est incontestée dans les services internet (recherche, vidéo, mail, cartographie...). Certes, Google a des ratés et ils sont nombreux. Des Google Glass aux multiples tentatives dans les réseaux sociaux (Google +) en passant par le e-commerce (Google Shop n'a jamais décollé). Mais à la différence d'Apple, Google lance des nouveaux produits et services en permanence. Il y a certes beaucoup de "déchets" mais une seule réussite suffit à rattraper tout le reste. 

Mais gare à Facebook en embuscade

Ainsi Google donne l'impression de créer un éco-système complet dans la high-tech: de la santé (Calico), aux drones en passant par l'automobile, les objets connectés (Nest), les ballons stratosphériques (Loon) sans compter les innombrables projets réunis au sein du X-Lab... Google tisse sa toile et diversifie ses sources de revenus. Quand Apple creuse le même sillon depuis quelques années. 

Seule ombre pour tableau: l'émergence de Facebook. Le site de Mark Zuckerberg s'attaque directement au portefeuille de Google avec son modèle économique basé sur la pub. Si pour l'heure, le gâteau est assez gros pour rassasier les 2 mastodontes, la montée en puissance de Facebook qui se rêve en hub universel d'internet pourrait à terme entamer les recettes de Google. D'ailleurs, ce n'est pas Google le Gafa qui a connu la plus forte progression depuis un an à la Bourse. C'est Facebook (+55%).

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Frédéric Bianchi