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Google va-t-il aider Toyota à devenir le géant mondial de la robotique?

"Le groupe américain serait en négociation avec Toyota pour lui céder Boston Dynamics, l’unité de robotique qu’il a achetée en 2013. Le constructeur automobile veut s’imposer comme le leader mondial des marchés de la mobilité et de l'assistance aux personnes."

Les constructeurs automobiles préparent une mutation inédite. Ils sont déjà convaincus que sous peu, le client d’aujourd’hui, un conducteur (homme ou femme) qui aime conduire de belles et confortables voitures, est en voie d’extinction. Demain, les véhicules se passeront des humains pour les piloter, ils se contenteront de les transporter.

Pour Toyota, ce futur est déjà là et le groupe passe à la vitesse supérieure pour lancer ses premiers modèles autonomes dès 2020. Et Google pourrait l’aider à assurer cet avenir. Selon Tech Insider, les deux entreprises sont dans des discussions très avancées sur le rachat de Boston Dynamics, cette unité créée en 1992 par la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) et rachetée par Google en 2013. Pour rappel, la Darpa n’est pas une start-up. Il s’agit de l'agence fédérale de R&D de la Défense américaine qui développe des technologies dans un usage militaire (voir vidéo ci-dessous). Jusqu'à son rachat par Google, Boston Dynamics était son unité de robotique.

L'encre du contrat serait déjà "presque sèche"

Si rien ne filtre sur les détails des discussions qui se déroulent entre Alphabet (maison-mère de Google) et Toyota, de nombreuses fuites dans la presse américaine indiquent que les choses vont bon train. Un proche du dossier a même déclaré que l’encre des signatures apposées sur le contrat était "presque sèche". En revanche, pas un indice sur le montant de la transaction. Rien non plus sur Amazon, qui était présenté jusqu’à il y a peu comme un repreneur potentiel.

Pour Toyota, il ne s’agit pas d’un virage technologique, mais d’un pas en avant, car si elle se réalise, cette acquisition est une pierre de plus dans l’édifice robotique que vise le constructeur nippon. L’opération a du sens puisque le groupe japonais a déjà démarré sa stratégie qui s’appuie d’une certaine manière sur Boston Dynamics. En février dernier, le constructeur a investi 1 milliard sur cinq ans dans Toyota Research Institute (TRI) et a recruté Gill Pratt comme CEO. En arrivant, cet ancien ingénieur de l’armée américaine a débauché James Kuffner qui dirigeait la division robotique de Google.

Et pour s’offrir les meilleurs cerveaux des États-Unis, TRI a créé deux bureaux de recherche, l’un à Boston près du MIT (Massachussetts Institute of Technologies), l’autre en Californie près de l’université de Stanford.

Mais pour Gill Pratt, plus question de créer ces robots guerriers qui effraient plus qu’ils n'attirent. Désormais, son rêve est de sauver des vies sur les routes et d’améliorer la vie des personnes dépendantes, qu’elles soient âgées ou handicapées. C’est ce qu’il a affirmé à Quartz, en expliquant qu’il s’agissait d’une vocation qui remontait à son enfance, lorsqu’il a assisté devant chez lui à un accident au cours duquel un jeune cycliste est mort devant ses yeux en se faisant percuter par une voiture. Qui était responsable de l’accident? Le vélo qui a brusquement changé de direction ou l’automobiliste qui n’a pas réagi suffisamment vite? "J’ai toujours rêvé de résoudre ce problème".

Une gamme de robots presque opérationnelle

En attendant que cette ambition se réalise, ses équipes ne chôment pas. Elles ont déjà mis au point plusieurs innovations: Robina, un robot domestique, Humanoid, un robot compagnon qui fait le ménage et joue aussi du violon et de la trompette, et une prothèse intelligente pour ceux qui ont perdu l’usage des jambes. Avec Segway, le fabricant californien de trottinettes gyroscopiques, elles travaillent sur un fauteuil futuriste pour améliorer la mobilité des handicapés moteur en leur permettant d'emprunter les escaliers.

Actuellement, TRI développe un robot d’assistance pour les personnes dépendantes qui peut être contrôlé avec un écran tactile ou à la voix. Si ces inventions sont destinées à faire face au vieillissement de la population japonaise, elles sont attendues d’un bout à l’autre de la planète pour les personnes valides ou non.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco