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Grève à Air France: pourquoi le conflit s’enlise

6 avions sur 10 étaient cloués sur le tarmac ce jeudi, quatrième jour de grève.

6 avions sur 10 étaient cloués sur le tarmac ce jeudi, quatrième jour de grève. - Eric Feferberg - AFP

Syndicats et direction d’Air France n’arrivent pas à s’accorder sur une sortie de crise. Les pilotes voient dans le développement de la filiale low cost Transavia des risques de délocalisations. Le point sur le bras de fer.

Le conflit social à Air France se durcit. Ce jeudi 18 septembre marque le quatrième jour de grève des pilotes. Le mouvement est suivi par 60% des employés, selon la direction, et par 75% selon SNPL AF Alpa, premier syndicats de pilotes de la compagnie. Six avions sur 10 sont toujours cloués sur le tarmac, ce qui selon Air France touche 65.000 clients. Le point sur ce bras de fer en six questions.

> Pourquoi cette grève?

Air France constate que la croissance du transport aérien est tirée par le low cost en Europe. Pour "capter" une partie de cette croissance, le groupe veut ainsi développer sa filiale à bas coût Transavia en ouvrant de nouvelles bases en Europe. Elle compte ainsi créer un Transavia Europe, cette compagnie étant déjà présente en France et aux Pays-Bas. Pour ce faire, Air France veut attirer des pilotes volontaires d'Air France sur Transavia.

Cette perspective inquiète les syndicats de pilotes, notamment le syndicat majoritaire, SNPL AF Alpa. Ils craignent "un dumping social", avec des transferts d'activité et des délocalisations.

> Que demandent les pilotes?

Pour éviter ce "dumping social", les syndicats demandent à la direction un contrat de pilote unique, valable à la fois sur Air France mais aussi sur les filiales Hop! et Transavia. De cette façon, ils préserveraient leurs conditions de travail. Cette demande est jugée irréaliste par Air France car trop chère.

> Quelles propositions a fait Air France aux pilotes?

Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France a proposé mardi 16 septembre de limiter le développement de la flotte d'Air France à 30 avions d'ici à 2019, contre 37 prévus. Mercredi la direction a envoyé une lettre à 3.900 pilotes dans laquelle elle propose de délimiter, en accord avec les syndicats, le périmètre des activités de Transavia France, Hollande et Europe. Cette lettre précisait bien que le projet d'Air France n'est "ni un projet de délocalisation ni de transferts d'activités". La direction espérait ainsi avoir rassuré les syndicats.

> Comment ont réagi les pilotes?

Aucun des gestes fait par la direction ne les a convaincus. Jean-Louis Barber, le président de SNPL AF Alpa, a estimé ce jeudi que les propositions de la direction sur le périmètre des trois Transavia "n'apportent rien de nouveau" de nature à rassurer les pilotes. Pour le moment, "la direction reste dans la communication" selon lui.

> Quels risques cette grève fait porter sur Air France?

La direction d'Air France chiffre à "10 à 15 millions d'euros" par jour le coût de cette grève. Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM, a laissé entendre que le mouvement pourrait menacer le retour aux bénéfices d'Air France, qui avait perdu 174 millions d'euros en 2013. En outre cette grève bénéficie aux concurrents low-costs d'Air France, Easy Jet ou encore Ryanair.

> Jusqu'à quand va durer ce mouvement ?

Le préavis de grève déposé par SNPL AF Alpa court jusqu'au 22 septembre. Mais son président Jean-Louis Barber explique au Monde qu'un référendum est organisé pour poursuivre la grève. "Nous aurons la réponse samedi (le 21 septembre, ndlr)". La réponse va être très, très claire. Si les pilotes votent à nouveau la grève, cette fois ce sera un mouvement illimité", affirme-t-il.

J.M. avec agences