BFM Business
Conso

Pourquoi le prix de ce jouet flambe (surtout) sur Amazon et Le Bon Coin

Initialement vendu 70 euros, le jouet star de Noël a vu son prix plus que doubler sur certains sites comme Amazon.

Initialement vendu 70 euros, le jouet star de Noël a vu son prix plus que doubler sur certains sites comme Amazon. - Spin Master - Montage BFM Business

Dévoilée en octobre par le fabricant canadien Spin Master, la peluche interactive Hatchimals rencontre un succès tel que des vendeurs amateurs qui ont fait le plein en novembre dans les magasins, les revendent à des prix record sur Amazon et Le Bon Coin.

Si vous êtes parent d'un enfant d'une dizaine d'années, vous avez sûrement tapé Hatchimals sur Google. Et en arrivant sur un site de vente, le prix vous a certainement surpris: entre 100 et 150 euros, voire des pointes à 164 ou 200 euros sur la place de marché d'Amazon. Idem sur Le Bon Coin où les peluches sont proposées entre 100 et 190 euros. Et pourtant, votre bambin l'assure, c'est le jouet qu'il faut avoir à Noël.

Si chaque parent consacre une telle somme pour un seul cadeau de Noël, on peut penser que le pouvoir d'achat des Français ne se porte pas si mal après tout... Sauf qu'en fait, ce n'est pas le "vrai" prix de cette peluche interactive livrée dans un oeuf qui éclot. Lancés en octobre dernier dans les magasins de jouets, les Hatchimals coûtaient initialement 69,99 euros. C'était en tout cas le prix affiché sur de nombreux catalogues de jouets. Un tarif bien plus abordable.

Une première hausse après les catalogues

Mais depuis octobre, l'engouement a été colossal. Les ventes ont dépassé toutes les prévisions et les stocks ont commencé à fondre dangereusement dans les magasins. "À fin novembre, 80% des quantités mises sur le marché avaient été vendues", explique Franck Mathais, directeur du département consommation de La Grande Récré au site de LSA. Et la plupart des sites de jouets ne le proposent même plus à la vente, se contentant d'orienter le client vers le magasin le plus proche. "Nous privilégions le magasin, c'est vrai, explique Sébastien Pingault, le directeur commercial de KingJouet. Nous venons par exemple de recevoir une livraison sur notre plateforme ce vendredi. Nous allons orienter les produits sur nos 20 plus gros magasins."

Est-ce cette frénésie autour d'Hatchimals qui explique la flambée des prix? Y a-t-il une si forte élasticité des prix des jouets à la demande en période de Noël? C'est plus compliqué que cela. D'abord, dans les magasins de jouets, vous ne trouverez pas -sauf exception- d'Hatchimals vendus à plus de 100 euros. Chez ToysRUs ou KingJouet par exemple, ils sont proposés à 90 euros. C'est plus cher que les 70 euros initiaux mais tout de même moins que les 150 euros que l'on peut voir sur le web. "Cette hausse est normale, explique Sébastien Pingault. Lorsqu'on arrive en période de fin de catalogue (début décembre), le produit qui était en promo retrouve son prix normal. Il subit une ré-hausse de 5, 10 voire 20 euros maximum. Mais pas plus."

Mais la demande est si forte que ces enseignes de jouets sont contraintes de réserver les stocks pour les magasins. Résultat: les sites web sont en rupture. Et c'est là qu'entrent en jeu les petits malins de la revente. "Chaque année, nous voyons arriver début novembre des particuliers dans nos magasins qui font des stocks de futurs produits stars de Noël, explique Sébastien Pingault. Ils sont faciles à repérer puisqu'il achètent par exemple une dizaine d'Hatchimals. Certains directeurs de nos magasins essaient de les convaincre d'en laisser pour les autres mais nous ne pouvons pas leur interdire de les acheter."

Être à l'affût des buzz à la Toussaint

Et ce sont ces produits achetés en grandes quantités en boutiques au mois de novembre que l'on retrouve en décembre sur les marketplaces comme celles d'Amazon ou Le Bon Coin. "Plutôt que de faire la chasse aux Hatchimals dans les magasins, certains parents qui ont les moyens se laissent tenter par ces offres coûteuses", constate le directeur commercial de KingJouet.

Un phénomène que les enseignes de jouets observent depuis la montée en puissance du e-commerce dans le jouet, soit 4-5 ans, mais qui gagne en puissance année après année. Et si on l'observe pour d'autres types de produits, c'est le jouet qui est le plus concerné. "C'est normal, explique Sébastien Pingault. C'est un marché qui repose sur 3-4 produits stars avec une très forte saisonnalité. Les gens attendent la sortie des produits en octobre, font du repérage sur le web durant les vacances de la Toussaint pour voir ce qui fait le buzz et vont faire leurs 'courses' début novembre pour revendre en décembre au prix fort." Une organisation bien huilée à rendre jaloux le père Noël.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco