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Henri de Castries (Axa): "l'excès de dépense publique est un cancer pour le pays"

Henri de Castries, le PDG d'Axa, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce 13 mai.

Henri de Castries, le PDG d'Axa, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce 13 mai. - -

Le PDG d'Axa se félicite de l'inflexion économique prise par le gouvernement en 2014 et appelle à moins de "dogmatisme" et de "réactions instinctives" sur la modération salariale, sur BFM Business ce 13 mai.

Le PDG d'Axa Henri de Castries était sur BFM Business ce mardi 13 mai. Il y a fustigé les charges pesant sur le secteur financier, et les dogmatismes sur les salaires.

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Selon l'économiste Marc Fiorentino, la Bourse de Paris n'existera plus en 2020. Sans être aussi alarmiste, Henri de Castries rappelle que "le secteur financier est probablement le premier employeur de la région parisienne. Les institutions financières françaises sont celles d'Europe qui ont le mieux traversé la crise de 2008, quand Londres était à la dérive, Berlin en difficulté, Madrid et Rome à la cave. La plupart des banques et assureurs français étaient dans une situation convenable. On a désigné le secteur financier à la vindicte publique, ce qui a eu des conséquences assez négatives. A partir de 2010, les charges sur ce secteur ont été augmentées" regrette-t-il. "Je voudrais qu'on se demande si la finance c'est l'ennemi, ou si c'est un pôle de création d'emplois et de compétitivité".

> Le virage économique de François Hollande

"Il y a une prise de conscience de ce que l'excès de dépense publique est un cancer pour le pays. Elle étouffe la croissance, l'initiative, l'emploi. Le Premier ministre a annoncé un calendrier. Il me semble qu'il commence à y avoir une inflexion relativement sérieuse", a-t-il estimé.

> La modération salariale proposée par Pierre Gattaz

"Il a raison. Sans esprit de polémique, il faut faire face à la réalité. Dans un pays ou 25% des jeunes sont au chômage, plus de la moitié des jeunes sortis sans diplôme du système scolaire sont toujours sans emploi trois ou quatre ans plus tard, on ne peut pas se payer le luxe du dogmatisme ou des réactions instinctives", tranche Henri de Castries.

"La politique du mieux-disant partout n'existe plus dans une économie ouverte dans laquelle le capital, la technologie et les talents sont parfaitement mobiles. Si on veut les attirer, il faut se rendre attirant, donc il faut au moins se mettre dans la norme de nos voisins".

> La force de l'euro

"Le risque est celui de la déflation, que doit surveiller la BCE. Les critiques sur le niveau de l'euro sont souvent le déguisement des partisans de la très vieille école de la dévaluation, qui permet de résoudre toutes les lâchetés et toutes les faiblesses, et qui conduisent à refuser de réformer le pays de l'intérieur", explique Henri de Castries.

"Laisser dévaluer la monnaie, ce serait un appauvrissement plus ou moins dissimulé à une partie de la population, une réduction de la richesse naturelle. Je ne suis pas un apôtre de l'euro faible. La monnaie commune a apporté beaucoup de stabilité économique européenne depuis 10 ou 15 ans. Mais ces avantages nécessitaient de la discipline, qui n'a pas toujours été mise en œuvre. Or elle est inéluctable".

Aux exportateurs qui se plaignent, il répond que "quand vous fabriquez un objet de qualité, que vous pouvez vendre avec de fortes marges à l'extérieur, vous ne vous plaignez pas d'avoir une bonne monnaie".

N.G. et BFM Business