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Hinkley Point: le PDG d'EDF était au courant d'un délai côté britannique

Jean-Bernard Lévy avait été mis au courant quelques heures avant le vote du conseil d'administration.

Jean-Bernard Lévy avait été mis au courant quelques heures avant le vote du conseil d'administration. - Éric Piermont - AFP

Jean-Bernard Lévy a indiqué, dans un courriel adressé au membre du comité exécutif du groupe, que son entreprise avait appris que Londres souhaitait se donner "un peu plus de temps", juste avant que le conseil d'administration se prononce sur ce projet nucléaire controversé.

Le groupe énergétique français EDF avait appris, avant que son conseil d'administration se prononce sur le projet nucléaire Hinkley Point, que le gouvernement britannique souhaitait se donner "un peu plus de temps" sur ce dossier, selon un courriel de son PDG Jean-Bernard Lévy adressé aux membres du comité exécutif et vu par l'AFP.

Dans ce courriel envoyé mardi soir, Jean-Bernard Lévy explique avoir appris, "tard le mercredi 27 au soir" que la Première ministre britannique Theresa May "demandait un peu plus de temps, sans remettre en cause l'intérêt du projet, sans préciser la date où la signature pourrait se faire" et "qu'elle ne communiquerait pas sur le sujet".

"Nous avons donc annulé les préparatifs de la signature", ajoute-t-il.

Une cérémonie de signature des accords sur Hinkley Point était en effet prévue en Grande-Bretagne le vendredi 29, au lendemain du conseil d'administration d'EDF qui a approuvé le projet, indique le PDG d'EDF.

"Au moment du vote du conseil, le jeudi 28 après-midi, nous savions donc que la cérémonie ne serait pas le lendemain", observe-t-il.

Mais "nous n'avions pas d'alerte sur le fond, et nous ignorions l'existence et le contenu du communiqué de presse du gouvernement britannique qui en réalité est sorti dans les deux heures suivant notre propre communication", poursuit-Il.

Le jeudi soir, le ministre britannique des Entreprise et de l'Energie, Greg Clark, avait déclaré que le gouvernement allait "examiner avec soin" le projet et ne rendrait pas sa décision finale avant le début de l'automne. Cette annonce avait surpris et relancé les craintes sur l'avenir du projet, critiqué au sein même d'EDF en raison notamment de son coût gigantesque (environ 21,5 milliards d'euros).

"La position du gouvernement britannique, que nous ne pouvions anticiper, nous devons la respecter et nous y adapter", ajoute Jean-Bernard Lévy dans son courriel.

Le PDG d'EDF indique par ailleurs que la convocation du conseil d'administration, le 21 juillet, s'était faite "avec le feu vert de l'Etat, qui nous avait prévenu que vu son arrivée très récente", la nouvelle Première ministre britannique "demandait 'quelques jours' avant de se prononcer".

Interrogé, le groupe EDF n'a pas souhaité commenter ces informations. 

J.M. avec AFP