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Hôtels, restaurants: le principe du "Payez ce que vous voulez" gagne du terrain

Jusqu'au 10 août, cinq hôtels parisiens laissent les clients libres de fixer le prix de leur chambre.

Jusqu'au 10 août, cinq hôtels parisiens laissent les clients libres de fixer le prix de leur chambre. - -

Cette semaine, cinq hôtels parisiens ont relancé le système du "Pay what you want". L’occasion de se faire une bonne publicité, mais qui peut aussi se retourner contre le commerçant, comme l’ont déjà expérimenté certains.

Passer une nuit dans un hôtel en plein cœur de Paris et ne payer que selon son degré de satisfaction, c’est le principe de l’opération, lancée en début de semaine par cinq établissements de la capitale. Le site www.payezcequevousvoulez.net a été mis en ligne pour l’occasion.

L'initiateur de cette campagne Aldric Duval, patron de l'hôtel Tour D'Auvergne, explique vouloir ainsi "redonner la parole à nos clients et avoir un vrai retour sur la qualité de nos hôtels". Ce qui ne l’empêche pas d’avoir mis gardes-fous pour éviter de mettre la clé sous la porte: seules deux ou trois chambres sont proposées sur ce principe et l'offre se termine le 10 août.

Ce n’est pas la première fois qu’un établissement met en place ce genre d’offres. En septembre 2010 déjà, la chaîne hôtelière Best Western avait proposé des centaines de nuitées dans ses hôtels en France pour des tarifs décidés par les clients.

Séduire une nouvelle clientèle

L'année d'avant, Madame Vacances, spécialiste des résidences de vacances, proposait également des réservations "pay what you want" aux Ménuires, entre autres destinations.

Loin de l'hôtellerie, c'est un célèbre groupe de rock, Radiohead, qui a initié le mouvement en 2007. Pour télécharger leur dernier album, les musiciens britanniques avaient demandé à leurs fans de payer ce qu'ils voulaient. Bilan: ces derniers avaient effectivement mis la main à la poche.

Depuis, le système a fait mouche, crise oblige. Développé dans les pubs anglais, le concept a atterri en France. De nombreux restaurants ont tenté la formule, dont Dominique Pucheu, en 2009, dans son restaurant Le Gazaou, à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées).

"On a proposé cela durant un mois et demi. C'était une façon de montrer à de nouveaux clients qu'on n'était pas si cher que cela, qu'il fallait oser rentrer dans nos locaux", explique-t-elle aujourd'hui. "Grâce au bouche à oreille, cela a donné une nouvelle clientèle", ajoute-t-elle. La restauratrice fut surprise de voir que, loin de payer leur repas une misère, beaucoup de clients, à l'inverse, dépassaient les tarifs normaux au moment de régler la note.

Un euro par article acheté

D'autres se montrent toutefois moins délicats, et les opérations de ce type sont loin d'être toujours viables. En 2009, le site internet de déstockage de vêtements de marque Brandalley a tenté l'expérience, en mettant en vente des milliers d'articles.

Libre aux internautes de payer ce qu'ils voulaient, même si le site de ventes en ligne affichait des prix recommandés. Au final, loin de suivre ces recommandations, quelque 85% des acheteurs n'ont payé qu'un euro par article acheté.

"Quand on n'a pas de relation de personne à personne, qu'on reste caché derrière son ordinateur, personne ne va payer le prix", commente Pascale Hébel, directrice du département consommation au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). "C'est quelque chose qui ne peut pas durer, il y a une culture en France faisant qu'on veut être plus malin que les autres", estime-t-elle. "Pour un objet qui a une valeur, il y a forcément un coût, une marge, cela va à l'encontre de la loi économique".

"Nous avions hésité à mettre en place ce système pour notre hôtel en plus du restaurant", renchérit Dominique Pucheu. "Dans un restaurant, on respecte ce que l'on fait, tandis qu'un hôtel, c'est plus risqué, plus impersonnel", dit-elle.

C.C avec AFP