Immobilier: les taux bas mettent les banques dans tous leurs états
Les taux d'intérêts sont si bas que les banques en profitent pour se livrer une concurrence acharnée sur les crédits immobiliers. En mars, on est passé en moyenne à 2,11% contre 2,21% un mois plus tôt, selon les chiffres de l'Observatoire Crédit Logement. Les taux continuent donc de baisser, et cette bonne nouvelle pour les emprunteurs fait aussi peser des risques sur les établissement prêteurs en cas de remontée.
Le gouverneur de la Banque de France a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. Et les banques elles-mêmes commencent à prendre ce risque au sérieux.
"La machine est en train de s'emballer, le marché a perdu pied". Ce n'est pas un régulateur qui prononce cette phrase, mais le patron d'une grande banque française qui souhaite garder l'anonymat. "Le crédit immobilier, c'est la clé pour capter des clients, mais pas à n'importe quel prix" précise-t-il, inquiet.
Le dilemme du prisonnier
Depuis des années, certains établissements mutualistes, particulièrement agressifs, tirent les taux toujours plus bas. Aujourd'hui, on peut emprunter à moins de 2% sur 20 ans. "Une banque a même accepté de prêter à 1.70% sur 15 ans", souligne un courtier.
Selon eux, les banques se sont laissées prendre à leur propre jeu. C'est ce que les économistes appellent le dilemme du prisonnier. Au départ, tout le monde accepte de s'aligner pour rafler des parts de marché. Au final, tout le monde risque d'y perdre, car les banques françaises prêtent presque exclusivement à taux fixe. C'est elles qui portent le risque. En cas de remontée des taux, c'est elles qui en paieront le prix.