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Transports

Crue de la Seine: les entreprises s'organisent

Le niveau de la Seine continue de monter.

Le niveau de la Seine continue de monter. - Kenzo Tribouillard - AFP

"Face à la crue, certaines entreprises proches de la Seine ou qui utilisent le fleuve ont pu trouver un plan de secours. D'autres, en revanche, sont condamnées à subir."

La Seine a atteint un niveau jamais vu depuis 30 ans. Les 6 mètres ont été dépassés et le fleuve devrait encore monter. Si les Parisiens n'ont pas encore les pieds dans l'eau, les entreprises qui travaillent en bord ou sur la Seine, elles, doivent s'organiser.

Lafarge-Holcim, par exemple, a fermé deux sites. "Le site portuaire près du pont du Garigliano et la centrale Béton Mirabeau sont touchés", nous explique une porte-parole du groupe. Dès le début de la semaine, la situation devenait trop dangereuse pour ceux qui y travaillaient.

Le coût de cette fermeture temporaire n'est pas encore estimé. Pour autant, il ne semble pas y avoir trop d'inquiétudes chez le cimentier. "Lafarge-Holcim possède une cinquantaine de sites le long de la Seine. Parmi eux, trois sites portuaires et deux centrales béton sont potentiellement inondables. Dès que la Seine atteint un certain niveau, des process sont mis en place et l'activité est répartie entre les différents sites".

Même son de cloche du côté de la grande distribution. La montée de l'eau ayant été progressive, Franprix, qui a été en 2012 la première enseigne de distribution alimentaire à livrer ses magasins au cœur de Paris par la Seine, a repris la livraison par camion. Néanmoins, la situation n'a pas intérêt à durer trop longtemps puisque que deux millions de tonnes de marchandises transitent chaque année par le bief de Paris, actuellement fermé à la navigation. Il s'agit du cours de la Seine entre le barrage de Port-à-l'Anglais à la hauteur de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et l'écluse de Suresnes (Hauts-de-Seine).

Certains subissent

D'autres, en revanche, n'ont pas eu la chance pour pouvoir recourir à un plan B. Les bars éphémères sur les quais, qui venaient de lancer leur saison, se sont retrouvés engloutis. Au Port de Paris, qui gère plus de 90% des quais parisiens, personne n'a voulu parler de l'impact de la crue. "En l’état actuel et afin d’harmoniser l’information, je ne peux que vous renvoyer vers la cellule de crise de la Préfecture de Police de Paris‎, ou directement vers le service de presse de Ségolène Royal qui est mobilisé sur le sujet", nous répond Nicolas Boudet, de la direction de la Communication.

Du coté des bateaux-mouches, le coup est rude également puisque les péniches ne peuvent plus circuler. Didier Léandri, président du comité des amateurs fluviaux, déclarait jeudi 2 juin: "C'est un coup dur commercialement, d'autant plus que la crue fait suite aux attentats qui avaient entraîné une baisse d'activité entre 30 et 50%". Et il rappelle: "À Paris, on transporte chaque année huit millions de touristes sur nos bateaux. Le chiffre d'affaires généré à Paris dans la filière est de l'ordre de 500 millions d'euros par an, c'est une activité économique non négligeable". Pour autant, il ne peut pas encore donner des estimations de l'impact de la crue: "Les pertes, on les constate jour après jour, pour l'instant on n'est pas en train de chiffrer, on verra quand la crue sera terminée".

Conséquences "catastrophiques" pour la SNCF

Plus largement, Guillaume Pepy, président de la SNCF, a évoqué les "conséquences catastrophiques" des inondations sur le réseau ferroviaire, en particulier en Ile-de-France, des dégâts qui se compteront selon lui en dizaines de millions d'euros. "Les intempéries ont des conséquences très rudes sur le réseau et la vie des usagers. Il y a plus d'une trentaine de points sur le réseau sur lesquels les équipes de SNCF Réseau sont en intervention, certaines prendront au moins une semaine", a-t-il dit.

Par exemple, la circulation sur la voie Paris-Versailles, la ligne N du Transilien, "ne reprendra que vendredi prochain au plus tôt" en raison de l'affaissement d'un remblai à la hauteur de Clamart (Hauts-de-Seine), a-t-il indiqué. Même délai, "fin de la semaine prochaine", pour une réouverture d'un tronçon sud du RER D, qui transporte 550.000 personnes par jour en moyenne, et où en raison de "cinq glissements de terrain sur un kilomètre, il y a 50.000 tonnes de matériaux à déblayer". Cela "donne la mesure de l'impact catastrophique des inondations et des intempéries sur le réseau".

L'Association française de l'assurance estime que les intempéries qui touchent le Centre et l'Ile-de-France depuis dimanche soir devraient coûter au moins 600 millions d'euros aux assureurs. Toutefois, ce montant demeure indicatif, l'épisode pluvieux n'étant pas encore terminé.

Diane Lacaze