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Interfaces sécurisées: Bercy met la pression sur les start-ups de la fintech

Le ministère de l'économie s'attaque à Apple et Google

Le ministère de l'économie s'attaque à Apple et Google - Eric Piermont - AFP

Le ministère des Finances veut accélérer la marche pour imposer des interfaces sécurisées dans les moyens de paiement. Le secteur bancaire soutient cette volonté, mais les start-ups financières craignent d'être freinées dans leur activité.

"Il s'agit d'un enjeu de sécurité majeur", a déclaré Jérôme Reboul, représentant de la direction générale du Trésor, qui dépend de Bercy. Ce mercredi, lors d'une audience devant la commission des finances du Sénat, il a manifesté son intention d'accélérer la marche pour imposer des interfaces sécurisées dans les moyens de paiement. Les start-ups financières craignent d'être freinées dans leur activité.

Les propos de Jérôme Reboul s'inscrivent dans le cadre de l'entrée en vigueur en janvier d'une directive européenne, la DSP2, destinée à encadrer les services de paiement sur fond d'éclosion d'une myriade de start-ups financières, les "fintech".

Son élaboration a fait éclater des débats animés entre banques et fintech, notamment sur un domaine: l'accès aux données bancaires, en particulier via le "web scraping" (aussi appelé "accès direct"). Cette technique consiste à chercher les informations directement sur le site internet des banques via les identifiants librement fournis par le client. Actuellement, c'est le modèle de nombreuses start-ups, comme les agrégateurs de paiement du type Linxo ou Bankin'.

Bruxelles "a pris beaucoup de retard"

Bruxelles a laissé aux différents acteurs jusqu'à la mi-2019 pour remplacer le "web scraping" par des "API", des interfaces contrôlées par les banques mais permettant à des sociétés tierces d'accéder aux données. "La Commission a pris beaucoup de retard", a souligné Jérôme Reboul, qui a fait part de l'intention du gouvernement d'imposer ces interfaces plus rapidement.

Le secteur bancaire s'est félicité de cette initiative par la voix de Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), évoquant une "malfaçon" de DSP2 au sujet de l'intervalle entre son entrée en vigueur et le délai accordé pour l'élaboration des API.

En revanche, les intentions du gouvernement, qui font écho à des souhaits également émis par la Banque de France fin janvier, ne rassurent pas les "fintech". Le secteur est "surpris de l'amendement qui vise à aller plus vite", a dit Joan Burkovic, dirigeant de Bankin' et représentant d'un groupement de start-ups. "Si l'API ne nous permet pas de fournir le service aux utilisateurs (...), on ne devrait pas (nous) imposer de l'utiliser", a-t-il prévenu.

Joan Burkovic a accusé les banques françaises d'avoir "fermé la porte" aux start-ups pour élaborer ces interfaces, ce qu'a contesté Mme Barbat-Layani.

P.S. avec AFP