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Interview exclusive: Robert Kyncl, vice-président de Google

Anthony Morel, reporter pour BFM Business, a interviewé en exclusivité le patron monde de YouTube et Vice-président de Google, Robert Kyncl.

Anthony Morel, reporter pour BFM Business, a interviewé en exclusivité le patron monde de YouTube et Vice-président de Google, Robert Kyncl. - -

Le vice-président de Google, Robert Kyncl, présent à Paris pour une rencontre entre YouTube et des producteurs français, a accordé une interview à BFM Business. Au menu, le financement des réseaux.

YouTube montre ses muscles à Paris! Jeudi 3 octobre, la plateforme de vidéos de Google réunissait dans la capitale tous les gros producteurs de contenus français lors d'un grand show à l'américaine. Le patron monde de YouTube et vice-président de Google, Robert Kyncl, a accordé une interview exclusive à Anthony Morel.

La fameuse plateforme est depuis des années la bête noire des opérateurs télécoms en raison de son utilisation massive de bande passante. Les données sont impressionantes: un milliard de visiteurs uniques se rendent chaque mois sur YouTube pour y visionner 6 milliards d'heures de vidéos. 1.000 heures de vidéos sont mises en ligne chaque minute, soit 16 ans et demi de vidéo par jour... Des chiffres en augmentation constante.

Pour parvenir à réguler un tel trafic, les fournisseurs d'accès doivent investir toujours plus dans leurs réseaux. Ils aimeraient donc bien que Google les aide pour le financement. On en est encore loin.

Les fournisseurs d'accès vous accusent d'encombrer leurs réseaux, que répondez-vous?

Robert Kyncl: Je ne pense pas que ce soit spécifique à la France. C'est naturel, lorsque vous avez une plateforme comme la nôtre, qui attire beaucoup d'utilisateurs soumettant et consommant du contenu. C'est aussi le cas pour Netflix, Hulu...

Nous travaillons donc avec les fournisseurs d'accès pour les aider à développer leur business eux aussi. Alors il y a des cas particuliers pour chaque pays. Mais la règle générale, c'est que cela a un impact positif sur la consommation.

Que dites-vous aux fournisseurs qui se plaignent de payer les réseaux quand vous récupérez la valeur?

RK: Nous ne récupérons pas toute la valeur. Tout simplement parce que les clients heureux et satisfaits, qui utilisent leur services, et qui les paient pour cela, vont continuer à le faire.

Or nous contribuons à la satisfaction de leurs clients. Quand on est dans un modèle de vente par abonnement, augmenter la fidélité est très important pour éviter d'avoir à réacquérir tout le temps de nouveaux clients. Donc satisfaire le client, c'est satisfaire le fournisseur d'accès.

Google envisage-t-il de payer des investissements dans les réseaux des fournisseurs d'accès?

RK: En général, je ne dévoile pas le contenu de nos accords. Mais en principe, dire qu'une entreprise paie et l'autre pas, nous ne croyons pas que ce soit la bonne approche.

La vraie question, c'est comment aligner les objectifs de l'utilisateur, de la plateforme internet et du fournisseur d'accès. Si l'on y arrive, alors on pourra créer le plus de valeur. Si on n'y arrive pas, cela handicapera la consommation et la créativité.

Et puis les créateurs de contenu avec lesquels on travaille en France font la majorité de leur chiffre d'affaires en dehors de France. Cela veut dire que la France importe beaucoup de contenu. Ce serait dommage de mettre tout cela à mal.

Seriez-vous intéressé par un rachat de Dailymotion, votre concurrent français?

RK: Je ne suis pas sûr d'en avoir le pouvoir. Vous l'avez bien vu, même Yahoo s'est cassé les dents. On est contents de ce que l'on a. Dailymotion fait du très bon travail également. Je pense qu'il devrait continuer à se développer plutôt que d'aller dans des fusions compliquées qui ne peuvent que les distraire.

Anthony Morel