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iPhone "made in USA", sanctions contre Amazon: la Silicon Valley sur le grill de Trump

Apple, Amazon et internet dans sa globalité, Donald Trump va-t-il mettre ses menaces à exécution contre les stars de la Silicon Valley?

Apple, Amazon et internet dans sa globalité, Donald Trump va-t-il mettre ses menaces à exécution contre les stars de la Silicon Valley? - AFP

Durant la campagne, le candidat Trump avait promis le pire à la Silicon Valley, accusée de tous les maux de l'Amérique. Mais que va réellement faire le nouveau président des États-Unis?

Les technocrates de Washington, les immigrés et les grandes entreprises de la Silicon Valley. Voilà les responsables des maux de l'Amérique selon le candidat nouvellement élu président, Donald Trump. Pourquoi la Silicon Valley, berceau de la high-tech américaine à l'origine des plus belles réussites de l'économie américaine depuis 15 ans? Une cible surprenante de la part d'un businessman qui promeut la réussite. Tout simplement parce que les Apple, Amazon et autres Facebook et Google sont le symbole pour beaucoup d'Américains de valeurs qu'ils rejettent: la mondialisation (l'iPhone produit en Chine), l'idéologie libertaire anti-État (la bataille Apple/FBI), le copinage avec le pouvoir (le patron d'Amazon accusé d'influencer la vie politique avec son journal, le Washington Post) et son insolente réussite parfois au mépris des règles fiscales. Bref, le système tant honni par l'électorat de Trump.

Et durant la campagne, le candidat fraîchement élu n'a pas manqué de cibler ce qu'il considère comme une nouvelle aristocratie, celle du fameux 1% les plus riches du pays. La Silicon Valley profiterait du système et laisserait des miettes au peuple américain. Si Donald Trump n'a pas vraiment détaillé son programme anti-Valley durant la campagne, il a tout de même avancé quelques propositions. Voilà comment le président veut faire rendre gorge à la high-tech américaine:

1. Obliger Apple à produire aux États-Unis?

Plus belle réussite du business américain, l'iPhone est le produit star de la Sillicon Valley. Vendu à plus d'un milliard d'exemplaires, le téléphone a rapporté la somme colossale de 621 milliards de dollars à Apple depuis son lancement en 2007. Problème pour Trump: seuls les comptes bancaires d'Apple et les usines chinoises et brésiliennes en profitent. Donald Trump a donc fait savoir durant la campagne qu'il comptait rapatrier la production de l'iPhone aux États-Unis, soit 1,6 million d'emplois. Comment compterait-il s'y prendre? Il ne l'a pas précisé. Il n'y aurait pas d'autres solutions que d'obliger toutes les entreprises qui vendent des produits aux États-Unis à les produire localement. Une telle loi ne serait pas anti-constitutionnelle en soi puisque la constitution américaine "reste silencieuse à propos de la liberté d'entreprendre et d'un droit de participation à une économie de marché", relève Louis Henkin dans son ouvrage sur les Droits économiques dans la constitution américaine. Il n'empêche que la mesure serait d'une radicalité extrême. De plus, souligne Konstantin Kakaes, un expert du MIT, au-delà du coût supplémentaire que cela occasionnerait sur le prix des produits, les États-Unis n’ont ni le savoir-faire, ni les infrastructures, ni les matières premières pour réaliser le rêve industriel de Donald Trump.

2. Boycotter Apple tant que le groupe ne collabore pas avec le FBI?

C'est plus une proposition de candidat que de président. Durant la campagne, Donald Trump avait appelé au boycott des produits Apple tant que cette dernière ne permettrait pas au FBI d'accéder aux données de l'iPhone. "J'utilise un iPhone et un Samsung. Si Apple ne donne pas les informations aux autorités, je n'utiliserais plus que mon Samsung", avait-il averti dans un tweet en février dernier. Que pourrait faire concrètement le Trump président pour remédier à cette situation? Faire éventuellement voter un nouveau Patriot Act contraignant les entreprises à fournir les informations en cas de risque pour la sécurité. Rien de tel n'a cependant été évoqué par Donald Trump qui s'est contenté d'appels au boycott.

3. Poursuivre Amazon pour position dominante?

Si Apple est l'une des cibles préférées de Trump, Jeff Bezos, le patron d'Amazon est un peu sa tête de turc. Le candidat à la présidentielle accusait notamment le fondateur d'Amazon de manipuler l'opinion avec son journal, le Washington Post, racheté en 2013. Mais c'est surtout à sa société de e-commerce qu'il compte s'attaquer. "Si je suis élu, ils auront des problèmes, c'est sûr", promettait-il en février dernier sur CNBC. Trump promet à Amazon des poursuites pour abus de position dominante (un pouvoir qui n'est pas du ressort du président) mais aussi de s'attaquer à l'évasion fiscale du groupe. Amazon gruge effectivement le fisc américain en installant des filiales (ses centres de distribution) dans des états à la fiscalité plus clémente, alors qu'elles exercent des activités dans les états voisins. Trump pourrait effectivement renforcer la législation actuelle. Même si une "sales tax" a déjà été mise en place en 2013 par l'administration Obama afin de contraindre Amazon à payer des taxes dans tous les états où il exerce une activité.

4. Mettre internet sous séquestre?

Au-delà des griefs économiques de la Sillicon Valley, Donald Trump veut mettre fin à la liberté absolue de l'Internet. Il fait ici référence aux organisations terroristes qui recrutent principalement grâce au web. "Il faut fermer des parties de l'internet", a-t-il martelé durant la campagne. Et il compte pour cela sur l'aide de Bill Gates pour y parvenir. Sauf qu'il devra sans doute trouver un autre conseiller, car le fondateur de Microsoft d'ordinaire très discret a montré beaucoup de désaccords avec le candidat républicain. Notamment sur ses propositions d'augmenter les droits de douane qui seraient néfastes à l'économie américaine. Donald Trump n'a pas précisé comment il comptait bloquer l'accès à "certaines parties de l'internet", ni avancé aucune mesure concrète. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco