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Israël veut devenir le champion de l'exportation de cannabis médicinal

Le cannabis thérapeutique est autorisé en Israël depuis une dizaine d’années.

Le cannabis thérapeutique est autorisé en Israël depuis une dizaine d’années. - Jack Guez - AFP

Le gouvernement israélien finance cette filière promise à un bel avenir. Le marché mondial devrait atteindre 50 milliards de dollars en 2025.

Le salon CannaTech qui s’est tenu la semaine dernière à Tel-Aviv a rassemblé quelque 700 participants. On y a vu des politiques, des chercheurs, des agriculteurs, des investisseurs, des médecins et des start-upeurs venus non pas pour fumer un joint, mais pour aborder la manière de faire du cannabis un produit pharmaceutique comme les autres.

Début 2017, le gouvernement israélien a annoncé son intention d'investir 2 millions d’euros dans la recherche liée à la marijuana médicinale afin d’inciter les investisseurs privés à financer la recherche sur un marché ultra-porteur. Les experts tablent sur un chiffre d'affaires mondial de 50 milliards de dollars en 2025.

Le cannabis thérapeutique est autorisé en Israël depuis une dizaine d’années pour les personnes atteintes du cancer, de stress post-traumatique ou de sclérose en plaques. Prescrit pas quelques médecins agréés, il se prend sous forme de pilules ou d’aérosols à inhaler. Mais, pour les autorités, il est temps de passer à la vitesse supérieure pour en faire un traitement reconnu internationalement.

100 millions de dollars pour le cannabis médical

Présent au salon, Yuval Landschaft, chef de l'unité de cannabis médical au ministère israélien de la Santé, a précisé le cadre dans lequel la filière va devoir travailler. L'État hébreu va définir des normes qui s'appliqueront à toutes les entreprises impliquées dans ce marché, depuis la culture jusqu’à la distribution. L'objectif est de distinguer le cannabis médical de son pendant récréatif. Et le gouvernement s'engage de son côté à investir 2 millions de dollars pour soutenir ce secteur.

Les pouvoirs publics ne sont pas seuls à soutenir ce secteur. Les start-up de la "cannatech" sont réunies dans un incubateur spécialisé. Selon le site francophone Israël Valley, 100 millions de dollars ont déjà été investis par des sociétés étrangères dans ces jeunes pousses en 2016. Il indique également que le marché du cannabis thérapeutique, pourrait faire grimper de 15% l’exportation de produits agricoles avec pour principal client, les États-Unis où une trentaine d’États ont décidé de légaliser l’usage médical de la marijuana. Car si la production américaine est active, les laboratoires pharmaceutiques recherchent des produits scientifiquement normés pour mener leurs travaux. D'autant que la légalisation de l'usage du cannabis sur l'ensemble du territoire américain est loin d'être actée.

Un joint électronique soutenu par le ministère de la Santé

Déjà, des partenariats entre les start-up américaines et israéliennes commencent à émerger. Sur CannaTech, l’américain CannRx et l’israélien, iCan ont dévoilé "ican.sleep", un médicament à inhaler pour améliorer le sommeil. Les deux entreprises comptent commercialiser leur médicament localement mais aussi aux États-Unis (là où c'est permis) et au Canada. 

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- © Syqe Medical

Syqe Medical est une autre start-up de la CannaTech qui a le vent en poupe. Elle a créé un inhalateur connecté dont le modèle rappelle celui de Nespresso. Il fonctionne avec des cartouches de cannabis adaptés à l’appareil pour diffuser la dose précise de THC qui a été prescrite par le médecin et cela dans combustion. Une sorte de joint électronique qui a permis à la jeune pousse d’être valorisée à plusieurs dizaines de millions de dollars. Syqe a déjà reçu l’agrément du ministère de la Santé et a passé un accord avec le laboratoire Teva qui distribuera l’appareil et les dosettes en Israël avant de l’exporter dans les pays où l’usage du cannabis médical est légal.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco