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Jack Ma veut qu'Alibaba dépasse le PIB français d'ici 20 ans

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- - Wang He - Getty Images - AFP

Avec 10 millions de vendeurs et 547 milliards de dollars de volume d'affaires, Alibaba est devenu une économie à part entière (la 20ème du monde en 2016). Le fondateur pense que son groupe grimpera même dans le top 5 mondial d'ici 2036.

"L'objectif d'Alibaba est de devenir la cinquième économie mondiale". Lors d'une conférence organisée par le magazine LSA, Sébastien Badault, le patron d'Alibaba France, a fait part d'étonnantes ambitions de la part du géant chinois du e-commerce. Cela voudrait dire qu'Alibaba dépasserait rien moins que la France dans le classement mondial des nations en fonction du PIB. Comment une entreprise pourrait-elle devenir aussi puissante?

En faisant cette annonce provocante, Sébastien Badault ne fait que rappeler l'ambition exprimée voici quelques mois par le fondateur d'Alibaba Jack Ma dans une interview dans la presse chinoise.

"Si une compagnie peut servir 2 milliards de clients, cela représente un tiers de la population mondiale. Si une compagnie peut créer 100 millions d'emplois, c'est probablement plus que ce que peut faire n'importe quel gouvernement. Si une compagnie peut soutenir 10 millions de vendeurs profitables sur sa plateforme, cela s'appelle une économie".

Alibaba déjà devant la Suède et l'Argentine

Pour comprendre ce que veut dire Jack Ma, il faut comprendre comment fonctionne Alibaba. À la différence d'Amazon, Alibaba ne vend rien directement à ses clients. La plateforme se contente de mettre en relation des vendeurs professionnels (Nike, Apple, Carrefour ou des milliers de petits commerçants) avec des clients. Une sorte d'eBay avec des vendeurs professionnels. Le chinois se contente de prendre une commission sur les ventes. Ainsi, si le chiffre d'affaires est relativement "modeste" (tout de même 20 milliards d'euros en 2016), le volume d'affaires généré par l'ensemble des vendeurs est lui colossal puisqu'il a atteint 547 milliards de dollars en 2016. Un tel volume placerait déjà Alibaba au 21ème rang mondial des PIB devant des pays comme la Suède, l'Argentine ou la Belgique. 

Mais Alibaba, qui connaît des taux de croissance de l'ordre de 50% chaque année, envisage de continuer à grimper dans ce classement. Jack Ma pense qu'en 2036, le volume d'affaires généré par la plateforme fera d'Alibaba l'équivalent de la cinquième puissance économique derrière les États-Unis, la Chine, l'Union Européenne et le Japon. Si l'on s'en tient aux prévisions du FMI sur les perspectives économiques à horizon 2030 et 2050, le chinois générerait un volume d'affaires de l'ordre de 5000 à 6000 milliards de dollars. Une puissance colossale jamais évidemment atteinte par une compagnie privée. Aujourd'hui, la plus grosse société du monde, Walmart, génère un chiffre d'affaires de 485 milliards de dollars.

Les autorités de la concurrence laisseront-elles faire Alibaba?

Une telle concentration poserait évidemment des questions de situations monopolistiques ou du moins dominantes. Des cas qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à l'heure de l'économie numérique et qui sont susceptibles de fausser la concurrence. "L'économie numérique dessine des marchés aux frontières mouvantes, partagés par des entreprises dominantes qui ont les moyens de décourager de nouveaux concurrents", détaille l'économiste Nicolas Bouzou dans L'Express qui envisage à terme l'intervention des autorités de la concurrence. Peut-être qu'Alibaba sera stoppé avant de réaliser son ambition de devenir la cinquième économie du monde. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco