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Jean-Pascal Tricoire: "nier le réchauffement serait un suicide économique"

Pouer Jean-Pascal Tricoire, le PDG de Schneider Electric" fixer un prix du carbone à un niveau permettant aux entreprises de développer des solutions serait un grand pas en avant."

Pouer Jean-Pascal Tricoire, le PDG de Schneider Electric" fixer un prix du carbone à un niveau permettant aux entreprises de développer des solutions serait un grand pas en avant." - Eric Piermont - AFP

A une semaine du Business & Climate Summit de Paris, le PDG de Schneider Electric, co-organisateur de cet événement en profite pour lancer un appel à fixer un prix juste du carbone, seul moyen de lutte efficace contre le réchauffement climatique.

Revoir en totalité le marché du carbone. L'idée fait de plus en plus son chemin à l'approche de la Cop21. Le PDG de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire ajoute une pierre supplémentaire dans une interview accordée à Reuters. "La très grande majorité des entreprises est désormais convaincue que la lutte contre le changement climatique est une opportunité et que nier le réchauffement serait un suicide économique, explique-t-il.

"Dans ce contexte, fixer un prix du carbone à un niveau permettant aux entreprises de développer des solutions serait un grand pas en avant." Il va plus loin en proposant "la fixation de prix du carbone région par région, "prévisible et suffisamment stable". Selon lui, elle serait déterminante car elle permettrait "d'intégrer le coût réel des investissements réalisés" pour lutter contre le réchauffement climatique. En revanche il n'est pas favorable à un prix et un marché mondial uniques. En Europe, "les entreprises intègrent de plus en plus dans leur business plan des prix de carbone qu'elles chiffrent de 15 à 70 euros, avec une convergence moyenne autour de 40 euros". Le prix est actuellement autour des 5 euros.

Les gagnantes seront économes en énergie

Pour Jean-Pascal Tricoire, la théorie du changement climatique n'est plus contestée par les chefs d'entreprise. C'est lui qui préside le Global Compact France, association des sociétés françaises adhérant au Pacte Mondial lancé par l'Onu pour fédérer les entreprises à travers le monde autour de grands principes éthiques. Selon lui, "Il n'y a plus aujourd'hui ni pays ni entreprises, à partir d'une certaine taille, qui n'aient pas d'objectifs ambitieux en matière de réduction de leurs émissions de CO2 et de réduction de leur consommation d'énergies fossiles.

Les uns et les autres ont souffert de la forte instabilité des prix de l'énergie ces vingt dernières années. Et d'ajouter "Plus vous réduisez l'impact de cette volatilité, mieux c'est pour le développement durable de votre business." Jean-Pascal Tricoire n'hésite pas à lancer un avertissement: "pour les entreprises, il y aura des gagnantes et des perdantes, selon qu'elles auront su ou non se montrer plus économes en énergie et moins émettrices de gaz à effet de serre.

Schneider Electric est un groupe emblématique de l'évolution d'une stratégie tournée vers les enjeux environnementaux. "Le groupe a triplé de taille au cours des dix dernières années. Une grande partie de cette croissance est liée à notre capacité à apporter des solutions dans la lutte contre le réchauffement en sécurisant et en réduisant la consommation d'énergie."

La COp21, une étape dans un changement des mentalités

Jean-Pascal Tricoire estime que les précédents sommets sur le climat, même s'ils n'ont pas abouti ont permis de faire évoluer les esprits. Pour le patron de Schneider Electric, il ne faut pas s'attendre pour autant à la conclusion d'un grand accord contraignant de réduction coordonnée des émissions de gaz à effet de serre lors de la COP21 sous égide de l'Onu. "Je n'ai pas du tout le fantasme d'un grand agrément unique, ce n'est juste pas possible", explique cet ingénieur. Il refuse cependant d'envisager un échec .

"Ce ne sera qu'une étape dans un mouvement déjà engagé de changement des mentalités. L'important est qu'elle fixe une direction," Lors du Business & Climate Summit, la semaine prochaine des solutions pratiques seront discutées. "Les entreprises veulent participer, parce que nous sommes sans doute les acteurs qui ont le plus de moyens pour résoudre le problème."

N.C avec Reuters