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Jérémie Berrebi: "La fin des licornes est imminente et elle sera sanglante"

Selon le financier, ce sont les sociétés qui doivent lever des montants démarrant à 20 millions de dollars qui risquent d’en pâtir le plus.

Selon le financier, ce sont les sociétés qui doivent lever des montants démarrant à 20 millions de dollars qui risquent d’en pâtir le plus. - Capture BFM Business

"Invité sur BFM Business à l’occasion de la journée Innovation France-Israël, l’ancien associé de Xavier Niel estime que le temps est compté pour les entreprises survalorisées. Leur chute sera brutale et aura de lourdes conséquences pour les start-up."

En mai prochain, cela fera un an que Jérémie Berrebi aura quitté Kima Ventures, le fonds qu’il a créé avec Xavier Niel en 2009. Cet investisseur réputé pour sa clairvoyance réside désormais en Israël, d'où il pilote Magical Capital. Ce fonds d’investissement a fait parler de lui ces dernières semaines en injectant 200 millions de dollars dans Uber et 50 millions dans un opérateur télécom "fremium" de Los Angeles.

Mais au-delà de cette activité, l’ancien journaliste spécialiste de la high-tech est devenu le conseiller de nombreuses personnalités. Parmi ceux qui l’écoutent, Mikhaïl Maratovitch Fridman, la seconde fortune de Russie qui dispose de "9 milliards d’euros à déployer dont 2 milliards dans la high tech".

Être une licorne, "c'est devenu la pire des choses"

Bien qu'installé en Israël, Jérémie Berrebi continue à côtoyer des industriels, des financiers et même des politiques français comme Emmanuel Macron ou Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement (BPI). Fin 2015, le ministre de l’Économie l’a rencontré pour implanter en Israël des pépites du numérique tricolore. "Je ne conseille pas Emmanuel Macron, je lui donne mon avis" insiste-t-il, non sans humour.

Donner son avis, c’est ce qu’il a fait ce mardi soir sur Tech&Co, l’émission quotidienne de high-tech de BFM Business consacré à la journée Innovation France-Israël. Et ce qu’il dit des licornes, casse les discours habituels. Pour lui, le coup de frein sur les financements touche principalement ces entreprises valorisées plus de 1 milliard de dollars. "Il y a un an, c’était bien d’être une licorne, aujourd’hui, c’est la pire des choses. Ces sociétés ont été surévaluées entre septembre 2014 et juillet 2015. Aujourd’hui elles sont en train d’être réévaluées".

L'ère des "round down" a déjà commencé

Cette bulle, même si Jérémie Berrebi de prononce pas le mot, touche même les sociétés côtés qui en baissant ont des répercussions sur les start-up. Parmi elles, LinkedIn, Twitter et Lending Club qui "était le comparable fintech de toutes les sociétés du secteur qui désormais ont moins de chances de faire d’atteindre de grosses valorisation."

Selon le financier, ce sont les sociétés qui doivent lever des montants démarrant à 20 millions de dollars qui risquent d’en pâtir le plus. "Il y a eu une période folle où les valorisations ont explosé. C’est en train de chuter. Aujourd’hui, ces sociétés doivent se refinancer en faisant des "down round" qui consiste à faire un nouveau tour de table à une valorisation inférieure à la précédente."

Pour Jérémie Berrebi, cette situation a des conséquences de toutes natures. "Cela veut dire que les stocks options des salariés ne valent plus rien et que les fondateurs vont être extrêmement dilués. Je parlais avec un analyste de Goldman Sachs il y a une semaine. Il disait en gros que la moitié de ces fameuses licornes vont mourir dans les six ou huit prochains mois. Ça va être sanglant." 

Pascal Samama