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Jérémy Ferrari et Franck Dubosc s'affrontent en justice

La Cour d'appel de Paris devra se prononcer sur la requête de Jérémy Ferrari.

La Cour d'appel de Paris devra se prononcer sur la requête de Jérémy Ferrari. - Thomas Samson - AFP

À l'origine du scénario du film "Les Têtes de l'emploi", sorti en novembre dernier, Jérémy Ferrari estime que celui-ci a ensuite été dénaturé. L'humoriste a donc attaqué en justice tous ceux qui ont participé à la version finale, dont Franck Dubosc.

Jérémy Ferrari n'apparaît pas au générique du dernier film de Franck Dubosc, "Les Têtes de l'emploi", sorti le 16 novembre dernier. Et pourtant l'humoriste, ancien de la bande de Cyril Hanouna, est à l'origine du scénario du long métrage. C'est lui qui, dès avril 2012, a l'idée de faire une comédie sociale sur le chômage. Un projet de film dont il souhaite alors être acteur et réalisateur.

Une première version du script, imprégnée de l'humour noir du comédien, est rédigée avec l'aide de deux co-scénaristes et quelques mois plus tard, la société JS Productions acquiert les droits du scénario pour produire le film.

Mais rapidement, la situation se dégrade entre la société de production et Jérémy Ferrari, à mesure que le scénario est transformé. Des contacts sont notamment pris avec Franck Dubosc, intéressé par le premier rôle, sous réserve d'apporter des modifications au scénario. Les deux réalisateurs, Franck Magnier et Alexandre Charlot, interviennent aussi sur le script pour le raccourcir et le rendre plus cinématographique.

"Un film social et provocateur" devenu "une comédie classique"

En juin 2015, Jérémy Ferrari reçoit une version modifiée du scénario et fait part de son "profond désaccord sur la réécriture du texte", qui s'éloigne "trop de son projet initial", selon une décision de justice obtenue par BFM Business. L'humoriste, qui souhaitait "réaliser un film social et provocateur", s'indigne que son idée ait été transformée en "une comédie classique, facile et lissée".

Dès lors, Jérémy Ferrari fait savoir qu'il ne veut plus être associé au projet et des négociations sont entamées pour le dédommager financièrement. Mais la solution à l'amiable n'aboutit pas et lorsque Jérémy Ferrari apprend que le tournage du film a débuté, sans son accord, il décide de saisir la justice.

L'humoriste assigne devant le Tribunal de grande instance de Paris la société JS Productions, ainsi que tous ceux qui sont intervenus sur le scénario, et notamment Franck Dubosc. Il estime, d'une part, que la société de production n'a pas respecté son contrat, en terminant le film sans son accord. Et d'autre part, il considère qu'il y a eu une "grave atteinte" à son droit moral d'auteur, puisque l'esprit de son œuvre, et notamment son humour noir, ne se retrouve pas dans le long métrage sorti au cinéma.

600.000 euros en jeu

Jérémy Ferrari réclame donc 400.000 euros au titre du préjudice matériel et 200.000 euros au titre du préjudice moral.

À l'issue des débats, les juges déboutent Jérémy Ferrari de ses demandes concernant le respect du contrat, essentiellement car le comédien a décidé de lui-même de stopper sa collaboration et qu'il ne peut être reproché, dans ces conditions, à la société de production d'avoir poursuivi, sans lui, la réalisation du film.

Sur le respect de son droit d'auteur, les juges ne se prononcent pas. En effet, ce n'est que sur le film lui-même que peut être établi si l'esprit de son idée originale a été, ou non, travesti. Or le long métrage, sorti quelques semaines après l'audience, n'a pas pu être présenté à temps au tribunal.

Jérémy Ferrari vient donc de faire appel de la décision. L'affaire sera à nouveau examinée par la Cour d'appel de Paris. En attendant, "Les Têtes de l'emploi" est sorti comme prévu au cinéma le 16 novembre dernier. Outre Franck Dubosc, Elsa Zylberstein et François-Xavier Demaison figurent au casting. Accueilli par une critique enthousiaste, le film a attiré près de 500.000 spectateurs.

Simon Tenenbaum