BFM Business
Culture loisirs

Jet privé, hôtellerie... Les riches aussi veulent voyager moins cher

-

- - SmartJet - CC (montage BFM Business)

"Uber du jet privé", "AirBnB des villas de luxe"... Les applis de l'économie du partage visent aussi les très hauts revenus qui, eux aussi, raffolent des prestations de luxe... à prix bradés.

"Faites des prix bas, les pauvres en ont besoin, les riches les adorent." Voilà un des préceptes fameux de Bernardo Trujillo, ce consultant américain qui dans les années 50 a posé les bases de la grande distribution moderne. Ce précepte n’a jamais été aussi vrai. Ainsi dans la foulée d’Uber ou d’AirBnB de nombreux sites et applications ont éclos ces dernières années afin de proposer des prestations de luxe à prix cassé. Comme dans les jets privés par exemple. Dans un univers où l’on pourrait imaginer que l’argent n’est pas vraiment un problème, des sociétés de service proposent des vols privés à des prix défiant toute concurrence.

C’est le cas de l’américain JetSmarter qui vient de lever 20 millions de dollars auprès de la star Jay Z et de la famille royale saoudienne ou encore de son équivalent européen LunaJets. Cette dernière propose des vols qui peuvent coûter 40 à 50% moins cher que ceux d’une compagnie de jets privés. Un exemple sur un Paris-Mykonos. Comptez 24.000 euros pour un aller-retour (vol de 7 places) contre près de 42.000 euros chez NetJets, un opérateur spécialisé dans la location d'avions d'affaire.

Comment LunaJets réussit-elle à proposer des tarifs si bas? "D’abord parce qu’on ne possède pas d’avion à la différence des compagnies spécialisées, Laurent Détroyat, le directeur commercial de la société basée en Suisse. Mais surtout parce qu’on a une connaissance et une gestion très fine des vols à vide et ce grâce à internet." Concrètement cela se passe de la façon suivante: en général une compagnie de jet privé loue un avion pour un trajet et le rapatrie à vide sur sa base d’origine. Un rapatriement qui coûte évidemment de l'argent à la compagnie et qui donc est répercuté dans ses tarifs. C’est là que LunaJets intervient. La société propose d'affréter ce vol retour à un prix évidemment très avantageux. A charge pour elle de trouver des passagers.

Avec cette approche qui lui permet d'afficher des tarifs extrêmement bas, cette compagnie s'est vite imposée. En 2014, elle a effectué 1.500 vols et devrait en faire 2.300 cette année. Les riches subiraient-ils la crise eux aussi qu’ils seraient obligés de louer leur jet moins cher ? "Pas forcément, estime Laurent Détroyat. On a certes une clientèle d’affaires qui était habituée à prendre des jets privés et qui vient chez nous afin de réduire leurs coûts mais pas seulement. Je pense que de tout temps les riches ont voulu optimiser leurs dépenses, c’est simplement que la technologie le leur permet aujourd’hui."

-
- © LuneJets

Comme pour Uber, internet permet de mettre en relation une offre et une demande qui ne se rencontrait pas forcément. C’est le cas aussi dans les villégiatures de luxe. Le site français Le Collectionnist se veut ainsi être le AirBnB des touristes très aisés. Un petit tour sur le site histoire de rêver un peu. Il faut compter en moyenne 300 euros la nuit et par personne pour loger dans une de ces 1.000 maisons d’exception avec piscine principalement situés sur la Côte d’Azur ou en Grèce. Un tarif plutôt élevé mais pour des prestations équivalentes à celles des meilleurs hôtels quatre ou cinq étoiles (la superficie et la tranquillité en plus). Et si les clients y trouvent leur compte, les propriétaires de ses demeures acceptent de les louer sans sourciller. Cela leur permet d’amortir pour partie une résidence qu’ils n’occupent que quelques semaines dans l’année. Et pas de soucis de dégradation en général, puisque le site a plusieurs fois les locataires au téléphone avant leur entrée dans les lieux. On ne peut pas louer une maison en trois clics…

Une villa de rêve sur la Côte d'Azur pour 2.300 euros la nuit

-
- © Le Collectionist

Et si vous préférez malgré tout le luxe et le service, vous pouvez toujours opter pour un hôtel cinq étoiles. Mais pas question de le payer plein pot. C’est ce que propose le site britannique Secret Escapes. Le site qui vient de lever 54 millions d’euros auprès de Google Ventures propose des chambres et des suites dans les plus grands hôtels à des tarifs bradés (jusqu’à 70% de rabais) a vu ses revenus exploser de 260% en 2014 et compte désormais 19 millions de membres dans le monde. Ce site capitalise sur l’explosion du nombre de millionnaires dans le monde (ils devraient être 50 millions dans le monde en 2019 contre 17 millions en 2014). Une clientèle plus jeune qui a appris à consommer avec internet recherchant les meilleurs services au meilleur prix. Les riches n’ont décidément jamais autant aimé les prix bas...

Frédéric Bianchi