Affaire Kerviel: les prud'hommes condamnent la Société générale
C'est une décision surprise. Dans le feuilleton "Société générale contre Jérôme Kerviel", qui dure depuis maintenant 8 ans, l'ancien trader a obtenu sa première victoire judiciaire. Les prud'hommes ont condamné la banque,pour licenciement "sans cause réelle et sérieuse, avec les indemnités afférentes".
Le conseil a estimé que la Société générale, qui tient son ancien trader pour seul responsable de la perte de 4,9 milliards d'euros, avait connaissance du fait que Jérôme Kerviel dépassait les limites imposées aux opérations de marché "bien avant" de lui signifier son licenciement le 18 janvier 2008.
455.000 euros d'indemnités
Les prud'hommes exigent donc de la banque qu'elle paie à l'ancien trader un bonus de 300.000 euros pour l'année 2007, considérant qu'à l'époque la banque était "parfaitement au courant des opérations fictives" de Jérôme Kerviel, qui ont généré des profits pour le groupe. S'ajoutent à cette somme diverses indemnités dont une pour les "conditions vexatoires" du licenciement, des congés payés, et des dommages intérêts. Au total, l'ex-trader va percevoir près de 455.000 euros, dont plus de 80.000 euros payables immédiatement, selon l'un des avocats, Julien Dami Lecoz.
Pour Me David Koubbi, qui a été parmi les premiers à assuré la défense de Jérôme Kerviel, "cette décision fait voler en éclats la fable qui a été servie par la Société générale depuis le début".
L'établissement a immédiatement fait appel de cette décision "scandaleuse". L'avocat de la banque, Arnaud Chualet, a rappelé que l'ex-trader avait été reconnu coupable au plan pénal pour des manoeuvres boursières frauduleuses.