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L'Allemagne laisse filer ses robots industriels Kuka sous pavillon chinois

Après la décision de l'allemand Voith d'apporter ses parts, le chinois Midea dispose d'au moins 38,6% du capital de Kuka.

Après la décision de l'allemand Voith d'apporter ses parts, le chinois Midea dispose d'au moins 38,6% du capital de Kuka. - Tobias Schwartz-AFP

Déjà actionnaire à hauteur de 13,5%, le chinois Midea récupère 25% des parts d'un actionnaire allemand du fabricant de robots Kuka. Pour rassurer les autorités outre-Rhin, le futur propriétaire a pris des engagements.

L'Allemagne va perdre la main sur l'un des joyaux de son industrie, dans un secteur stratégique: les robots industriels. Le groupe chinois Midea va détenir plus de 38% du fabricant allemand de robots Kuka après un accord conclu avec l'entreprise Voith. Loin de jouer la carte du patriotisme économique, cette entreprise allemande de machines-outils, entrée au capital de Kuka en 2014, apporte sa participation de 25,1% dans Kuka à l'offre de reprise de Midea, une juteuse opération qui devrait lui rapporter environ 1,2 milliard d'euros.

"Nous nous considérons clairement comme les gagnants", a déclaré le patron de Voith, Hubert Lienhard, dans un entretien au journal économique Handelsblatt. Mi-mai 2016, le fabricant d'électroménager Midea, déjà actionnaire de Kuka à hauteur de 13,5%, avait annoncé vouloir monter à plus de 30% du capital au moyen d'une offre généreuse valorisant le groupe allemand à plus de 4 milliards d'euros.

La direction de Kuka a accepté, fin juin 2016, l'offre de rachat

Après la décision de Voith d'apporter ses parts, l'industriel chinois, mastodonte de l'électroménager connu pour ses appareils de ventilation et d'air conditionné, dispose d'au moins 38,6% des parts de Kuka. Son offre aux actionnaires, au prix de 115 euros par action, avait été acceptée le 28 juin 2016 par la direction de la firme allemande de robotique.

Ce rachat témoigne de l'appétence de la Chine, "l'usine du monde", pour les robots industriels "made in Germany" Dernièrement, ChemChina, numéro un de la chimie en Chine a mis la main sur le fabricant allemand de machines-outils KraussMaffei pour 925 millions d'euros.

Midea a pris des engagements courant jusqu'à la fin 2023

Les visées de Midea ont suscité de vives craintes au sein de la classe politique allemande et européenne de voir des fleurons européens des technologies industrielles passer sous pavillon chinois. Midea rafle une firme allemande qui n'a rien d'une start-up. Créé en 1898, Kuka est devenu un grand fournisseur de l'industrie automobile allemande: Audi, Daimler et BMW. Il équipe aussi les chaînes d'assemblage d'Airbus. Kuka a réalisé plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2014, avec 25 filiales sur les marchés les plus importants d'Europe, des États-Unis et d'Asie.

Même si ce rachat était vu d'un mauvais oeil notamment par le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel, celui-ci n'est pas parvenu à trouver des candidats européens pour damer le pion au groupe chinois.

Kuka et Midea ont tenté de calmer les inquiétudes européennes et allemandes avec un accord d'investissement comprenant des engagements du groupe chinois sur le maintien du siège social et des sites de production ainsi que sur l'emploi, sur une période de sept ans et demi, jusqu'à la fin 2023. Midea a aussi promis qu'il ne prendrait pas de mesures pouvant aboutir à une sortie de la Bourse de Kuka.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco