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L'ancien directeur financier d'Areva mis en examen

Alain-Pierre Raynaud (ici à gauche) aux cotés d'Anne Lauvergeon (à droite).

Alain-Pierre Raynaud (ici à gauche) aux cotés d'Anne Lauvergeon (à droite). - Éric Piermont - AFP

Alain-Pierre Raynaud est soupçonné de complicité de "publication de comptes inexacts" dans l'affaire Uramin. L'étau se resserre autour de l'ancienne présidente d'Areva, Anne Lauvergeon.

La perspective d’un procès sur le scandale Uramin se rapproche. Selon plusieurs sources, l’ancien directeur financier d’Areva (2006-2011), Alain-Pierre Raynaud, a été mis en examen il y a deux semaines dans le cadre de l’information judiciaire ouverte il y a deux ans sur les comptes du groupe en 2010 et 2011.

Il est accusé de complicité de "présentation et publication de comptes inexacts" et "diffusion de fausses informations" après le rachat de la société minière africaine Uramin. Rachetée 1,8 milliard d’euros en 2007, sa valeur a été totalement dépréciée à zéro dans les comptes fin 2011, après la chute des prix de l’uranium et des doutes sur la richesse des gisements. Ces pertes ont été passées six mois après l’éviction d’Anne Lauvergeon de la tête du groupe nucléaire.

Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke, Claire Thépaut et Charlotte Bilger cherchent à savoir si la présidente d’Areva de 2001 à 2011, a volontairement refusé de comptabiliser ces pertes en 2010 et 2011. Notamment pour conserver des chances d’être maintenue à la tête du géant du nucléaire à la fin de son mandat en juin 2011. Anne Lauvergeon, auditionnée à douze reprises ces derniers mois, a été mise en examen pour les mêmes motifs en mai dernier.

La défense d'Anne Lauvergeon fragilisée

L’avocat d’Alain-Pierre Raynaud, maître Jean Veil, s’insurge de la décision des juges d’instruction. "Je conteste sa mise en examen. Alain-Pierre Raynaud a exercé des responsabilités de directeur financier conformément aux règles comptables IFRS en vigueur. Les comptes d'Areva étaient sincères", explique-t-il. Une position qui atteste d’un soutien à la défense d’Anne Lauvergeon. Sauf que son ancien directeur financier semble s’être défaussé sur sa présidente pendant les deux journées d’audition chez les juges. "Il n'était pas décisionnaire", martèle Jean Veil. "Les juges ne lui reprochent qu'une complicité", poursuit-il. Voilà qui est dit. Alain-Pierre Raynaud a pris ses distances envers Anne Lauvergeon, rappelant que c’est elle seule qui décidait de l’arrêté des comptes d’Areva.

Face à elle, son ennemi Sébastien de Montessus, l’ancien patron de la division des Mines d’Areva, qui détenait Uramin. Lui n’a cessé de l’alerter sur la nécessité de passer de lourdes provisions dans les comptes. Malgré les multiples courriels et documents internes versés à la procédure -dont BFM Business dispose-, les juges peinaient à trancher entre les positions des deux prévenus.

Les auditions d’Alain-Pierre Raynaud ont été décisives puisqu’elles ont éclairci des points de désaccords entre Anne Lauvergeon et Sébastien de Montessus. La mise en examen de son ancien directeur financier met la pression sur Anne Lauvergeon et complique un peu sa position dans cette enquête. D’autant qu’en face, Sébastien de Montessus, lui, n’a été placé que sous le statut de témoin assisté, bien moins incriminant.

Selon plusieurs sources, les juges devraient désormais clore leur enquête dans le courant du mois de novembre. Toutes expliquent que ces deux mises en examen illustrent leur volonté de renvoyer à un procès.

Matthieu Pechberty