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L'angoisse du patron de Mercedes: devenir le "Foxconn d’Apple"

Foxconn assemble les iPhone pour Apple. L'entreprise chinoise, qui travaille également avec d'autres sociétés high-tech, a souvent été épinglé pour imposer à ses salariés des conditions de travail particulièrement pénibles.

Foxconn assemble les iPhone pour Apple. L'entreprise chinoise, qui travaille également avec d'autres sociétés high-tech, a souvent été épinglé pour imposer à ses salariés des conditions de travail particulièrement pénibles. - Odd Andersen - AFP

Les constructeurs automobiles regardent avec méfiance l’arrivée de Google et Apple dans leur industrie. Conscient de leur capacité à révolutionner leur secteur, ils refusent d'en devenir les sous-traitants. A l'instar de Dieter Zetsche qui le dit haut et fort.

Dans les allées du salon automobile de Francfort, deux sociétés alimentent les conversations. Des constructeurs automobiles? Non. Des équipementiers? Pas plus. Aucune de ces deux entreprises ne sont en fait des exposants de ce grand rendez-vous dédié aux fans de carrosseries rutilantes et de moteurs puissants. Et pourtant, elles représentent une vraie menace pour l’industrie automobile. Ce danger, c'est Apple et Google!

Les constructeurs allemands ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la gourmandise des deux géants californiens. Italiens, Français et Britanniques les observent également avec admiration, curiosité, intérêt, mais aussi avec méfiance comme le note le New York Times.

Stephan Winkelmann, PDG de Lamborghini (Groupe Volkswagen), résume la situation en une phrase: "Ce qui a été une évolution va devenir une révolution". Pour preuve, les sujets de conversation ont changé dans les allées. Avant, les visiteurs ne parlaient que de la puissance des moteurs et du nombre de secondes pour atteindre les 100 km/h. Désormais, ils parlent de plus en plus de connectivité, d’autonomie des batteries, voire d’autonomie totale des véhicules qui, demain, se passeront de conducteurs.

Nokia, le cauchemar qui inquiète Mercedes

Pour Dieter Zetsche, PDG de Daimler-Benz, la menace est d’autant plus réelle que les deux groupes ont une capacité financière très supérieure à la leur et qu’ils ont déjà prouvé leur capacité dans d’autres secteurs comme dans la téléphonie où Nokia, leader mondial pendant des années, a été violemment bousculé par Apple et son iPhone.

Et cette crainte n'est pas seulement suscitée par l'arrivée presque programmée de la Google Car et de ce chacun appelle provisoirement l'Apple Car. Elle se concentre sur les technologies des deux firmes qui vont équiper nombre de voitures dans les années qui viennent. Ces technologies vont devenir le cerveau des autos, et les constructeurs pourraient être cantonnés à fournir moteur et carrosserie. Un rôle que se refuse de prendre Dieter Zetsche.

"Nous avons inventé l'automobile!"

"Ce qui nous importe, a expliqué le dirigeant à la presse sur le salon de Francfort, est que ce cerveau ne soit ni celui d’Apple, ni celui de Google, mais le nôtre." Et pour bien faire comprendre les choses, il ajoute que dans ses projets, il ne prévoit pas de "devenir le Foxconn d'Apple", faisant référence au groupe chinois qui assemble les iPhone et qui, depuis peu, travaille aussi pour Nokia. Le ton est pour Markus Schäfer, chef de production chez Mercedes: "Nous avons inventé l'automobile, pas question de devenir un sous-traitant."

Malgré tout, les constructeurs traditionnels ne sont pas hostiles aux géants de l’Internet. Ils admettent même que Google et Apple les ont réveillés et que c’est sous cette menace qu’ils ont enfin révolutionné leur secteur, allant même jusqu'à réorganiser leurs sites de production. Et, aujourd’hui, pas un ne songerait à ne pas travailler sur les voitures électriques ou autonomes. À part, peut-être Bugatti.

Notre dossier spécial "Salon de Francfort".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco