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L'armée préfère le drone tactique Sagem "made in France"

La DGA commande 14 drones Patroller à Sagem pour 300 millions d'euros.

La DGA commande 14 drones Patroller à Sagem pour 300 millions d'euros. - Sagem-Safran

La direction générale de l'armement a opté pour le drone de Sagem conçu et fabriqué en France à celui de Thales au pedigree britannique. A la clé: un marché de 300 millions d'euros.

L'Armée a dû faire un choix cornélien entre les deux industriels français du drone tactique. La direction générale de l'armement (DGA) a choisi le Patroller de Sagem (groupe Safran) au détriment du Watchkeeper de Thales. Ce marché porte sur un montant de quelque 300 millions d'euros. 

L'armée de terre française réceptionnera les 14 drones tactiques (deux systèmes de cinq appareils plus quatre pour l'entraînement) de Sagem à partir de 2018. Ni la DGA, ni Thales, ni Safran n'ont souhaité faire de commentaires.

Le résultat de cet appel d'offres pour des drones destinés à accompagner les interventions au sol de l'armée française, était attendu pour la fin 2015 mais il avait été repoussé de quelques mois. Les drones tactiques, réservés aux interventions au sol, peuvent voler jusqu'à 15 heures d'affilée à 3.000 mètres d'altitude, après avoir décollé de quasiment n'importe où, voire être catapultés.

Le chef d'état-major des armées défendait Thales

La déconvenue est rude pour le perdant, Thales, qui croyait fort en ses chances. En octobre 2014, l'industriel avait même reçu le soutien du général Pierre de Villiers chef d'état-major des armées, déclarant aux sénateurs sa préférence pour le Watchkeeper. De surcroît, l'armée britannique a fait l'acquisition de trente de ces drones.

"Le drone Patroller a gagné le contrat parce que ces performances étaient meilleures", a précisé une source proche du dossier, citant notamment la qualité de sa boule optronique. Le Patroller peut emporter jusqu'à 250 kilos de charge utile multi-capteurs, en cellule ou en nacelles, pour des vols de plus de 20 heures, jusqu'à une altitude de 20 000 pieds.

Le drone Sagem créérait 300 emplois en France

Mais il semble évident que la conception et la fabrication française du drone de Sagem a pesé dans la balance au moment du choix de la DGA. Plus de 80% de l'appareil serait fabriqué en France, selon Le Monde, ce qui devrait permettre de créer plus de 300 emplois supplémentaires sur plusieurs sites du territoire en Ile-de-France comme en régions. Ce contrat assure aussi la survie du programme des drones Patroller de Sagem, qui remplaceront les Sperwer du même groupe.

Confrontée à l'urgence opérationnelle, la France aurait bien voulu a priori se baser sur le traité franco-britannique de Lancaster House, signé il y a tout juste cinq ans et choisir sans plus attendre le drone Watchkeeper développé par Thales dans les deux pays.

Mais la législation européenne sur les marchés publics de défense européenne a obligé Paris à organiser un appel d'offres, qui a duré 18 mois. Airbus Group, également sur les rangs, n'avait finalement pas déposé de dossier dans les temps pour la phase finale.

Frédéric Bergé avec AFP