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L’AS Monaco, un club "français"?

L'AS Monaco s'est imposée face à Arsenal en huitième de finale aller de la Ligue des champions.

L'AS Monaco s'est imposée face à Arsenal en huitième de finale aller de la Ligue des champions. - Glyn Kirk - AFP

La fibre patriotique des Français a vibré après l'exploit du club de la principauté face aux Anglais d'Arsenal. Pourtant ses joueurs bénéficient d'un régime fiscal bien plus avantageux que leurs homologues français. La ligue de football a bien tenté d'imposer un transfert du siège de l'ASM en France. En vain.

Ce jeudi 26 février, la France du football chante à l’unisson les louanges de l’AS Monaco, auteur d’un exploit retentissant sur la pelouse d’Arsenal, la veille en Ligue des champions. Mais ce n’a pas toujours été le cas. Car les avantages fiscaux de la principauté constituent un sujet de polémique récurrent, comme en témoigne le récent bras de fer entre les dirigeants monégasques et la Ligue française. Avec, en toile de fond, cette interrogation: pourquoi l’AS Monaco joue-t-elle en Ligue 1?

D’abord, il convient de préciser que l’AS Monaco est un club, et pas l’équipe de la principauté (qui participe par exemple aux Jeux Olympiques). Monaco ne disposant pas de championnat propre, l’ASM s’est donc affiliée à la Fédération française de football, comme certains clubs du Liechtenstein – autre principauté – l’ont fait avec la fédération suisse. En outre, l'ensemble des sections du club (volley-ball, handball, etc.) ont suivi la même voie et évoluent dans les championnats français.

Pourquoi la France? Simplement pour des raisons historique (Monaco est sous protectorat français depuis 1860) et géographique (son territoire est considéré comme enclavé dans le département des Alpes-Maritimes). Mais l’AS Monaco a tout à fait le droit de demander à la fédération italienne (ou autre) de l’accueillir.

Les joueurs étrangers exonérés d'impôt sur le revenu

Une menace d’ailleurs agitée en coulisses lors des récentes négociations avec la Ligue professionnelle de football, portant sur les avantages fiscaux monégasques. Les joueurs étrangers sont en effet totalement exonérés d’impôt sur le revenu, les Français bénéficiant quant à eux d’environ 20% de charges sociales en moins. Selon l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), "le net en poche pour un joueur en France par rapport à un joueur étranger de Monaco est ainsi inférieur de 103% en application du régime de droit commun", pour un individu touchant 600.000 euros annuels. Le tout grâce à la convention fiscale signée par le Général de Gaulle en 1963, liant la France à Monaco.

Lors de la remontée du club en Ligue 1, porté par les investissements spectaculaires de son nouveau propriétaire, la Ligue professionnelle de football a donc décidé de passer à l’offensive afin de rétablir une certaine forme d’équité entre les clubs. Et a opportunément fait voter une modification de son règlement, qui oblige désormais les clubs professionnels à implanter leur siège social en France. Pas vraiment du goût des dirigeants monégasques qui, au terme d’intenses négociations et diverses actions juridiques, sont parvenus à un accord avec la Ligue. L’AS Monaco devrait ainsi verser à cette dernière 50 millions d’euros de compensation sur deux ans, dont la moitié pourrait être prise en charge par le gouvernement de Monaco.Le prix du statu quo, en somme.

Yann Duvert