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Transports

L'autopartage met à mal les loueurs automobiles traditionnels 

La location de voiture traditionnelle est la seule pratique dont l’usage évolue significativement avec la pratique de l'autopartage entre particuliers, selon l'Ademe

La location de voiture traditionnelle est la seule pratique dont l’usage évolue significativement avec la pratique de l'autopartage entre particuliers, selon l'Ademe - Julien Warband-BELGA-AFP

La location de voiture à la journée, au week-end ou à la semaine est le seul mode de transport concurrencé par l’autopartage entre particuliers.

Loueriez-vous votre véhicule à un particulier inconnu ? C'est tout l'enjeu des services "d’autopartage" entre particuliers représentés par une dizaine de services (Buzzcar, Drivy,, Ouicar, Koolicar, Deways, TripnDrive, etc..), via des sites Internet d'intermédiation entre propriétaires et locataires de véhicules.

Mais comment services s’insèrent-ils ou concurrencent-ils l’offre de transport existante et quels profils ont les clients de ces services ?

L'étude menée par l’Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) estime que les loueurs traditionnels sont les seuls acteurs du transport directement concurrencés par le développement de l’autopartage entre particuliers. "Les autres modes de transport, qu’il s’agisse de ceux du quotidien ou des trajets de plus longue distance, ne sont pas impactés" explique l'Agence.

Les Français qui recourent aux services d'autopartage font moins souvent appel à Hertz, Avis, Europcar et consorts dès lors qu'ils sont adhérents d'un système d’autopartage. Une tendance que ne mésestiment pas les loueurs de voitures. Ainsi, le bavarois Sixt s'est-il allié en 2011 avec BMW pour proposer des services d'autopartage haut de gamme dans quelques grandes villes d'Allemagne et d'Autriche mais aussi à San Francisco, en Californie.

La pression sur les loueurs s'exerce en centre-ville

Parmi les 1.020 personnes interrogées, la part de ceux qui ne louent jamais à un loueur passe de 35% à 41% après l’inscription à ces services. Plus encore, la proportion de clients réguliers de la location traditionnelle (1 à 11 locations par an) perd 10 points en passant de 31% à 21%.

Ce constat est partagé Benjamin Stut, directeur marketing de carigami.fr, comparateur de locations de voiture, qui a réagi à cette étude de l'Ademe : "La pression est forte sur les loueurs, surtout pour les agences de centre-ville qui sont positionnées sur les locations de proximité et de courte durée.”

Mais cette concurrence a ses limites. "L’âge des véhicules, le manque de disponibilité pendant la haute saison et le risque d’annulation en dernière minute par le propriétaire ne font pas de la location entre particuliers une solution idéale pour les longs trajets" ajoute-t-il.

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- © Ademe

En revanche, les autres modes de transport ne sont pas affectés par le recours à l'autopartage. Ni la fréquence d’usage des transports quotidiens (transports collectifs urbains, vélo, marche, etc.) ni celle des modes de transport de longue distance (train, avion) n’évoluent significativement suite à l’adoption de l’autopartage entre particuliers.

Le nombre de kilomètres parcourus en voiture (personnelle, louée auprès d’un loueur traditionnelle et louée via l’autopartage entre particuliers) n’évolue ni pour les locataires, ni pour les propriétaires suite à leur inscription à l’autopartage entre particuliers.

Fait notable: 20% des locataires inscrits sur un site de covoiturage déclarent l’utiliser plus fréquemment depuis leur inscription à la location entre particuliers.

D’après l’Ademe, l’autopartage n’a pas non plus d’impact sur l’équipement automobile et favoriserait en fait le statu quo: 21% des locataires affirment que la location entre particuliers leur a permis d’éviter l’achat d’une voiture personnelle.

Enfin, l'étude a dressé une photographie du profil des utilisateurs de la location entre particuliers: une moyenne d’âge moins élevée (38 ans), une surreprésentation des personnes vivant en couple et une plus large part de personnes sans emploi ou ayant un revenu modeste.

La pratique de l'autopartage n’est pas réservée aux personnes sans voiture: 49 % des locataires en possèdent au moins une dans leur foyer. 

Frédéric Bergé