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L'Autopilot au coeur de la guerre entre Mobileye et Tesla

Mobileye accuse Tesla de "repousser les limites de la sécurité" et ainsi de discréditer la voiture autonome.

Mobileye accuse Tesla de "repousser les limites de la sécurité" et ainsi de discréditer la voiture autonome. - Spencer Platt - Getty Images North America/ AFP

Après les accidents mortels de conducteurs qui avaient enclenché l'Autopilot de leur Tesla reposant sur la technologie développée par Mobileye, les deux partenaires ont cessé leur coopération et se dénigrent publiquement pour ne pas ruiner leur image, mais aussi celle de la conduite autonome.

Avec les voitures autonomes, les accidents de la route disparaîtront: cette promesse de l’industrie automobile est loin d’être accomplie. Cet été, deux accidents, l’un aux États-Unis, l’autre aux Pays-Bas, ont coûté la vie à des propriétaires de Tesla qui auraient enclenché l’Autopilot, cette assistance à la conduite basée sur une technologie développée par Mobileye. Fin juillet, la société israélienne a annoncé la rupture de son partenariat avec la société californienne.

À ce moment, aucun lien n’a été fait entre les accidents et la fin de cette collaboration. Jusqu’à ce que Amnon Shashua, directeur technique de Mobileye, explique il y a quelques jours à Reuters les "véritables" raisons de la séparation. Pour la société spécialisée dans la détection, les méthodes de Tesla en matière de conduite autonome portent atteinte à la fiabilité de sa technologie et, au-delà, au potentiel de la voiture autonome.

Les limites de l'AutoPilot pointées du doigt

"Tesla repousse les limites de la sécurité et l’Autopilot n’a pas été conçu pour piloter sans assistance, c’est un système d’assistance du conducteur", a insisté le directeur technique de Mobileye. Et, pour lui, les conséquences pourraient être désastreuses, pas seulement pour les entreprises concernées, mais pour l’ensemble du secteur. "Cela va nuire aux intérêts […] de toute une industrie, si une entreprise de notre réputation continue d'être associée à ce type d'expérience".

Tesla n’a pas apprécié ces commentaires qui égratignent ses technologies, et qui laissent penser que la marque privilégierait le buzz médiatique à la sécurité des conducteurs. Elon Musk a laissé un porte-parole du groupe donner leur version des faits à Reuters.

Selon lui, le divorce n’a rien à voir avec les accidents. Mobileye aurait lancé cette opération de "dénigrement" en apprenant que Tesla travaillait sur son propre système de détection. Les responsables de l’entreprise israélienne auraient tenté de les faire changer de stratégie. "Ils ont voulu nous contraindre à mettre fin à nos développements en proposant de négocier les prix pour qu’ils soient le fournisseur pour nos prochains modèles." En juillet, après l’annonce de Mobileye, Tesla expliquait que la séparation reposait sur l’incapacité du fournisseur à suivre son rythme.

Le public doute de la conduite autonome

Pour l’heure, difficile de savoir qui dit vrai et, si les deux entreprises s’attaquent par voie de presse, aucune n’a entamé une action judiciaire pour diffamation ou calomnie. Notons aussi qu’aucune des deux entreprises n’a évoqué la responsabilité des conducteurs.

Reste que comme le pense Mobileye, les accidents causés par des conducteurs de Tesla portent préjudice à la robotisation des véhicules particuliers. D’autant que l’entreprise revendique être le leader mondial des systèmes anti-collision et assure que sa technologie peut réduire 60% des accidents et 90% des collisions frontales. L’entreprise travaille avec 27 constructeurs automobiles qui représenteraient 70% du marché. Parmi ces clients, BMW et Volkswagen, mais aussi le Français Valéo dont le prototype a parcouru 10.000 kilomètres sans accident.

Pour l’instant, cette performance ne suffit pas à rassurer les conducteurs, en tout cas en France. Selon une étude d’AramisAuto avec TNS Sofres, "57% des Français sont toujours inquiets des risques de sécurité" posés par la conduite autonome, même s’ils admettent qu'elle représente un progrès.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco