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L'énergéticien allemand RWE n'entend pas abandonner le charbon

L'énergéticien allemand RWE, exploitant de la centrale thermique à charbon de Grevenbroich, n'entend pas arrêter d'utiliser ce combustible pour produire de l'électricité. (image d'illustration)

L'énergéticien allemand RWE, exploitant de la centrale thermique à charbon de Grevenbroich, n'entend pas arrêter d'utiliser ce combustible pour produire de l'électricité. (image d'illustration) - Patrick Stollarz - AFP

En pleine COP23, le troisième fournisseur d'énergie allemand a indiqué que "sortir du charbon empêcherait de continuer à garantir la sécurité de l'approvisionnement" électrique de ses clients.

Propriétaire du plus gros parc à charbon d'Europe, l'énergéticien allemand RWE plaide contre un abandon "politique" de cette source d'énergie très polluante. Alors que, depuis l'ouverture de la COP23 à Bonn, les appels d'ONG et d'industriels se multiplient sur ce sujet. 

"Sortir du charbon à court terme empêcherait de continuer à garantir la sécurité de l'approvisionnement" en électricité, a affirmé ce mardi 14 novembre, Markus Krebber, le directeur financier du groupe, en présentant les résultats trimestriels de l'entreprise. 

Le charbon, et en particulier la lignite, abondante en Allemagne et très polluante, représente encore 40% de l'électricité consommée par la première économie européenne, qui a programmé depuis 2011 sa sortie du nucléaire d'ici 2022.

"Il serait plus intelligent d'investir autant que possible dans l'expansion des renouvelables et les réseaux", a plaidé Markus Krebber. Alors que les énergies "vertes" fournissent déjà 31% de l'électricité consommée en Allemagne mais doivent être acheminées du nord du pays très venteux vers le sud plus industrialisé. 

L'Allemagne risque de ne pas tenir ses objectifs climatiques 

Les appels se sont récemment multipliés, venus d'experts en énergie, d'associations mais aussi de grandes entreprises comme Siemens, pour que le gouvernement fédéral programme la sortie du charbon. Faute de quoi l'Allemagne risque de manquer ses objectifs d'émissions de gaz à effet de serre en 2020.

Le sujet divise profondément les conservateurs, les Libéraux et les Verts, engagés dans des pourparlers de coalition. Les deux premiers étant farouchement opposés à toute échéance ferme pour l'abandon de cette énergie, au vu des intérêts économiques et des dizaines de milliers d'emplois en jeu.

Markus Krebber a par ailleurs critiqué l'accord de principe conclu début novembre entre le Conseil de l'Union européenne et le Parlement européen pour réformer le marché du carbone, entre autres en réduisant encore le nombre de certificats -souvent rebaptisés "permis de polluer"- mis sur le marché.

"Cela place un lourd fardeau supplémentaire sur les épaules des industries et compagnies" actives sur ce marché, "dans un environnement qui reste difficile", a-t-il insisté, mettant en garde contre toute "mesure supplémentaire nationale" sur ce terrain, par exemple un prix minimum du carbone discuté en Allemagne.

RWE, qui prévoit déjà de diminuer "quasiment de moitié" sa production de lignite dans les douze prochaines années, a déjà été particulièrement fragilisé par le virage pris par l'Allemagne vers les énergies renouvelables.

Comme son rival et compatriote Eon, RWE a cherché son salut dans une scission de ses activités, avec la production traditionnelle (charbon, gaz, nucléaire) d'un côté, toujours sous son nom, et les nouveaux métiers (renouvelables, réseaux) de l'autre, regroupés dans Innogy.

A.M. avec AFP