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L'État français rêve d'un rapprochement entre BNP Paribas et Commerzbank

Des rumeurs circulent sur un rapprochement entre les deux banques.

Des rumeurs circulent sur un rapprochement entre les deux banques. - Eric Piermont - AFP

Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a déclaré qu'il était "bon" que BNP Paribas "se tourne vers l'Allemagne et (...) Commerzbank". Le possible rachat par la banque française de la participation de l'État allemand au capital de Commerzbank est une rumeur récurrente. Pourtant, peu d'arguments plaident en faveur d'une telle acquisition.

L'État français s'immisce dans le dossier BNP Paribas Commerzbank. En témoignent les déclarations du porte-parole du gouvernement à l'issue du conseil des ministres. "Aujourd'hui la politique de développement international de BNP Paribas relève de BNP Paribas et il est bon qu'elle se tourne aussi vers l'Allemagne et vers une banque aussi importante que Commerzbank", a déclaré Christophe Castaner. L'État français est visiblement sur la même ligne que le gouvernement allemand. Selon Le Canard Enchainé, le président Emmanuel Macron "verrait d'un (très) bon oeil un rapprochement entre BNP Paribas et Commerzbank".

Il y a quinze jours, le ministère allemand des Finances avait relancé les spéculations autour de la cession des 15,6% de parts détenues par l'État fédéral au capital de Commerzbank en déclarant à la presse qu'il ne voulait pas rester indéfiniment actionnaire du groupe bancaire et comptait toujours céder sa participation. Berlin était entré à grands frais en 2009 au capital de la banque au logo jaune, prise dans la tourmente de la crise financière, pour la sauver de la faillite.

Parmi les éventuels acheteurs évoqués par la presse allemande figurent le groupe italien Unicredit et BNP Paribas. Selon l'hebdomadaire Wirtschaftswoche, Berlin privilégiait ces dernières semaines "une solution franco-allemande" passant par un rapprochement avec BNP Paribas et des consultants avaient été chargés d'examiner la faisabilité d'un tel scénario.

Officiellement, rien n'est dans les tuyaux

Mais officiellement, rien n'est dans les tuyaux. Et peu d'arguments plaident en faveur d'une telle acquisition. Le cours de Commerzbank a quasiment doublé en un an, dopé notamment par les rumeurs. Elle est aujourd'hui valorisée 14 milliards d'euros, pour une banque de détail en Allemagne, où la rentabilité est particulièrement faible à cause des taux d'intérêts très bas. Commerzbank a d'ailleurs multiplié les plans de restructuration. Le climat social y est du coup très compliqué.

Autre obstacle majeur: une telle acquisition ferait à ce point grossir BNP Paribas qu'elle franchirait encore un seuil pour atteindre celui des plus grosses banques systémiques mondiales. Ce qui se traduirait par de nouvelles exigences réglementaires et des besoins de fonds propres supplémentaires. Une opération coûteuse donc, sauf à céder d'autres activités. Un analyste résume: "La banque française a certes de grosses ambitions sur le marché allemand... mais pas à n'importe quel prix".

Caroline Morisseau avec AFP