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L'Etat va céder une partie de ses actions Renault

L'Etat va ramener sa participation dans Renault à son niveau antérieur à avril, aux environs de 15%.

L'Etat va ramener sa participation dans Renault à son niveau antérieur à avril, aux environs de 15%. - JOEL SAGET - AFP

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a annoncé ce jeudi que l'Etat allait revendre d'ici la fin de l'année les 5% de titres Renault qu'il avait acquis au printemps. Une nouvelle qui ne suffit pas à expliquer la dégringolade de la valeur.

Renault a publié ce jeudi des résultats exceptionnels pour le premier semestre 2015. Son bénéfice net a quasiment doublé sur la période, de 749 millions à 1,39 milliard. Et pourtant, depuis environ 9h30, le titre du constructeur chute en Bourse. Une dégringolade qui atteint les 8% à la mi-journée, au moment où Le Monde publie sur son site internet une interview d'Emmanuel Macron dans laquelle le ministre de l'Economie indique que l'Etat s'apprête à revendre les 5% de participation qu'il a acquis au printemps d'ici la fin de l'année.

En réponse à une question sur le montant des recettes de privatisation à atteindre en 2015, le ministre répond notamment que "nous céderons les 5% de Renault acquis au printemps pour garantir l’adoption des droits de vote doubles".

L'alliance avec Nissan déséquilibrée

Début avril, l'Etat était monté au capital de la marque au losange. Juste avant l'assemblée générale de Renault, qui se tenait le 30 avril, il avait acheté pour 4,7% des actions du constructeur, ce qui portait sa participation à 19,7% et 23,2% des droits de vote. Un moyen de le forcer à adopter les droits de vote double, une mesure issue de la loi Florange qui donne davantage de pouvoir aux actionnaires de long terme. Ce mécanisme prévoit que, sauf décision contraire des AG, les actionnaires qui conservent leurs actions pendant au moins deux ans soient récompensés par l'octroi de ces droits de vote multipliés.

Le constructeur s'était offusqué de cette intrusion qui, estimait-il, pouvait déséquilibrer son alliance avec le japonais Nissan. Le constructeur japonais est actionnaire de Renault à seulement 15%, alors que la marque au losange est actionnaire de son partenaire à un peu plus de 44%. Une répartition paradoxale puisque c'est bien le nippon qui a le plus participé à la profitabilité du groupe. L'essentiel des ventes (68%) lui revient, contre seulement 32% pour Renault. Et pourtant, le nippon ne dispose d'aucun droit de vote aux assemblées générales de Renault. L'arrivée de l'Etat et de droits de vote double risquait ainsi de virer à l'affrontement international au cœur de Renault-Nissan.

Une chute boursière seulement accentuée

L'Etat affirmait pour sa part qu'il ne comptait pas prendre le pouvoir chez Renault, mais seulement faire adopter le dispositif des droits de vote double avant de revendre ses 14 millions de titres nouvellement. Une opération censée être indolore financièrement puisque l'Etat avait acheté ces titres au plus haut, certes, l'action ayant pris 40% depuis le début de l'année, mais à prix fixe. Ce qui lui permet de les revendre au même prix jusqu'à six mois après leur acquisition.

Quant à la chute boursière de Renault aujourd'hui, elle a certes été accélérée par l'annonce d'Emmanuel Macron. Mais depuis ce matin, les investisseurs sont seulement "déçus de l'absence de bonne surprise dans les résultats de Renault", explique Philippe Barrier, analyste automobile chez la Société Générale. Dans un secteur aussi cyclique que l'automobile, publier des ventes en ligne avec les attentes des analystes ne suffit plus à garantir que le titre conserve sa valeur, souligne-t-il. D'autant plus que PSA a publié la veille des chiffres très supérieurs aux attentes, donc Renault pâtit d'une comparaison défavorable.

N.G.