L’étonnante recette d’Airbus pour relancer les ventes de l’A380
Les passagers qui ont déjà volé dans un A380 savent à quel point cet avion est confortable, en raison notamment de son silence. Conscient de la cote d'amour de sa "baleine", Airbus va prochainement s'adresser directement aux clients des compagnies aériennes.
Concrètement, l'avionneur va lancer dans quelques semaines un site internet de comparateur de prix de billets d'avions. Mais à la différence de Liligo ou de Kayak, ce site ne se contentera pas de classer les vols en fonction de leur prix ou de leur durée. Il mettra aussi en majesté le type d'appareil dans lequel la compagnie propose de voler. Airbus en est certain, s'ils ont le choix, et à prix équivalent, une majorité de passagers optera pour le plus gros avion de ligne du monde. L'idée est de prouver aux compagnies aériennes qu'elles ont intérêt, sur le plan commercial, à intégrer dans leur flotte le plus possible d'A380.
Cette opération séduction ne peut cependant être efficace que sur les routes où la liaison est effectuée avec à la fois des A380 et d'autres types d'avions. C'est le cas sur Paris-New York, Paris-Séoul ou encore Francfort-Shanghaï. Au siège de l'avionneur, on estime qu'il faudra au moins deux ans avant que les effets de cette campagne de promotion ne porte ses fruits.
Devenir enfin un succès commercial
L'enjeu est stratégique pour Airbus. Il s'agit de relancer la carrière de l'A380 dont les commandes se font attendre. A ce jour, il reste 129 appareils à livrer. Pour éviter de se retrouver avec une chaîne de production vide. Airbus commencera d'ailleurs le mois prochain à réduire les cadences de production.
L'avionneur va passer de deux appareils et demi par mois à un seul en 2018. Une manière pour Airbus de maintenir en vie le programme en attendant de nouvelles commandes. Car cette décision prolonge automatiquement de dix ans la durée de vie du programme.
Mais pourquoi l'A380 se vend-il si mal? Il semble tout bonnement que ses atouts soient devenus ses points faibles. La plupart des compagnies aériennes le jugent aujourd'hui trop grand et trop gros. Pourtant, les arguments en sa faveur ne manquent pas. Il permet d'accueillir globalement deux fois plus de passagers que les autres avions long courrier. C'est la réponse idéale, selon Airbus, pour faire face à la croissance du trafic. En effet, le nombre de passagers double tous les cinq ans, principalement en Asie.
Mais l'A380 permet aussi de répondre à la saturation de certains aéroports, comme Heathrow en Angleterre. Le super jumbo représente 10% des décollages quotidien de cet aéroport londonien. Mais son principal argument reste que l’A380 est l'un des longs courrier les plus économes en carburant, - moins de 3 litres de kérosène par passagers pour 100 kilomètres, soit moins que le best seller de Boeing, le 777.
Un avantage concurrentiel à condition que l'avion soit correctement rempli. Et c'est ce point qui rend frileuses les compagnies. Elles redoutent de ne pas avoir suffisamment de passagers et donc de ne pas réussir à amortir le prix de l'avion: plus de 400 millions d'euros l'exemplaire, au prix catalogue.