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L'Euro de football, flop touristique?

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"Grèves dans les transports, météo calamiteuse, menaces d'attentats... A quelques jours de l'ouverture de l'Euro, tous les ingrédients sont réunis pour que la fête du football attendue soit une déception. Mais si l'hôtellerie tire la sonnette d'alarme, les plateformes comme AirBnB se frottent les mains."

Chaque jour apporte son lot de nuage dans le ciel de l'Euro de football. Alors que la compétition devait permettre à la France de tourner la page d'une année 2015 noire voire de préparer la candidature pour des Jeux Olympiques parisiens en 2024, tout semble aller de travers à quelques jours du début de la compétition. Et si la France fait la une de la presse étrangère ces jours-ci c'est pour ses grèves à répétition, ses manifestations, ses pénuries d'essence et sa météo désastreuse.

Pas de quoi motiver les touristes à venir faire un tour en France. D'autant que, si on l'avait oublié, les Etats-Unis sont venus rappeler cette semaine que le pays était une cible potentielle pour les terroristes durant cette compétition. "Les stades de l'Euro, les 'fan zones' et tous les lieux qui diffuseront le tournoi en France et à travers l'Europe représentent des cibles potentielles pour des terroristes", a mis en garde le Département d'État, l'équivalent de notre ministère des Affaires étrangères. 

En 1998, le plein 3 mois à l'avance

Dans ce contexte, les professionnels du tourisme sont de plus en plus inquiets. Dans le secteur de l'hôtellerie de luxe notamment, les réservations seraient dramatiquement basses. Selon Le Temps citant une source au sein du groupe Accor, les hôtels les prestigieux de la capitale n'afficheraient qu'un taux de remplissage de 30%. Au niveau global ce serait un peu meilleur mais on est loin de faire le plein. "Pour l'instant, c'est poussif, constate auprès de l'AFP Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l'Umih. A ce jour, nous sommes à environ 60% de chambres réservées pour les dates de l'Euro dans les 10 villes hôtes." Un taux de remplissage moyen pas plus élevé que la normale donc.

L'organisation rappelle que pour le Coupe du Monde 1998 par exemple, le parc affichait complet et ce trois mois avant le début de la compétition. Idem pour la Coupe du monde de rugby en 2007 où les hôtels avaient fait le plein à l'avance.

Les hôteliers, inquiets, disent encore espérer des réservations de dernière minute. "Cela se jouera en fonction des affiches de matches mais il est certain, notamment à Paris, qui compte 80.000 chambres intra-muros et 140.000 avec la périphérie, que nous ne ferons pas le plein", déplore, amer, le président du groupement des hôteliers indépendants GNI, Didier Chenet. Et alors qu'en général les prix flambent dans l'hôtellerie pour ce type d'événement, le cabinet spécialisé MKG a constaté une chute de 15% des tarifs hôteliers ces deux derniers mois pour les matchs de huitième de finale à Paris les 25 et 27 juin.

Des retombées de 200 millions d'euros selon AirBnB

Si les professionnels du tourisme sont inquiets, la saison pourrait ne pas être aussi catastrophique qu'ils ne le redoutent. D'abord parce que les habitudes des touristes ont changé ces dernières années. Avec le développement d'internet et le boom du smartphone, les réservations se font de plus en plus souvent à la dernière minute. Les applications de solderies de chambres d'hôtel comme l'américaine Hotel Tonight et la française Verylastroom ont de plus en plus le vent en poupe auprès du grand public.

Des réservations plus tardives donc mais aussi une évolution du goût des consommateurs hésitant moins à sortir du circuit classique des hôteliers. L'Euro 2016 sera ainsi la première compétition de l'ère AirBnB organisée en France. Et les sites de locations entre particuliers sont, eux, très enthousiastes. Airbnb prévoit ainsi une affluence de 250.000 voyageurs pour ses hôtes dans les villes qui accueilleront la compétition.

En tête Paris accueillera plus de 118.000 voyageurs devant Marseille (38.000 voyageurs), Nice (28.000) et Lyon (24.000). La plateforme américaine estime que les retombées seront de l'ordre de 200 millions d'euros (44 millions pour les hôtes, 161 millions pour les autres commerces).

Même optimisme du côté du rival HomeAway (Abritel en France). La plateforme qui, pour l'occasion, va proposer un séjour inédit dans la Tour Eiffel constate une augmentation de 30% des réservations par rapport à l'année dernière dans les villes qui accueilleront les matches, et fait état d'un taux de remplissage de près de 80% à Paris. "Les fans avec ou sans billets vont suivre leur équipe, et aujourd'hui on ne peut pas encore savoir quelles équipes vont être en phase finale après les huitièmes, ni dans quelle ville elles seront", indique à l'AFP Vincent Wermus, directeur général de HomeAway France. 

Des touristes plus prudents, de nouvelles habitudes mais sans doute pas le flop annoncé.

Frédéric Bianchi