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L'impact majeur de la chute d'Apple

Apple a vécu sa pire séance depuis 2013 à la Bourse de New York.

Apple a vécu sa pire séance depuis 2013 à la Bourse de New York. - AFP

L’impact macro-économique d’Apple est majeur, beaucoup de secteurs sont entraînés par la baisse de ses résultats.

Apple fait souffler une tempête parfaite sur les marchés. Le titre a chuté de quasiment 10 % à la clôture (9,96%), entraînant dans son sillage les grands indices américains (Dow Jones -2,83%, Nasdaq 2,78%). L’entreprise elle-même est évidemment la première impactée en enregistrant son plus fort recul en une journée depuis 6 ans, 75 milliards de dollars de capitalisation boursière partant en fumée. Apple n'est plus que la quatrième capitalisation boursière américaine, derrière Microsoft, Amazon et Google. Entre le sommet de début octobre à 1121 milliards de dollars de valorisation, et la séance d'hier 674 milliards, la capitalisation boursière a fondu de 447 milliards de dollars. La révision de sa prévision est effectivement violente, Apple n’envisageant plus qu’un chiffre d’affaires de 84 milliards de dollars sur le trimestre en cours, contre une fourchette qui allait de 89 à 93 milliards de dollars. C’est la première fois depuis le lancement de l’iPhone en 2007 qu’Apple émet un avertissement sur son chiffre d’affaires avant la publication de ses comptes trimestriels, « l’ampleur de cet avertissement souligne qu’Apple évolue désormais en territoire inconnu » soulignent par exemple les analystes de Jefferies.

Et dans ces conditions, l’impact d’Apple est considérable. D’abord sur l’industrie des semi-conducteurs, l’indice sectoriel de Philadelphie enregistrait une baisse de quasiment 6% à la clôture et ses 30 composantes étaient toutes dans le rouge. En France, ST Micro, dont Apple représente 15% du chiffre d’affaires, enregistrait une baisse de plus de 11%, et on retrouvait des réalignements comparables en Europe et en Asie (Infineon, AMS, Dialog etc…) Mais Apple est aussi au cœur de la stratégie des plus gros investisseurs américains, à commencer par le premier d’entre eux, Warren Buffett. Il a souvent dit, depuis son entrée au capital d’Apple, qu’il attendait une baisse du titre pour se renforcer, on verra ce qu’il en est, mais concrètement ces investisseurs doivent compenser la baisse du titre et tous les secteurs de la cote peuvent être exposés par des prises de bénéfice.

Jusqu'à la dette allemande

La distribution est un autre secteur potentiellement impacté, Best Buy, par exemple aux Etats Unis ferait jusqu’à 15% de son chiffre d’affaires avec Apple. L’autre élément structurel, c’est le facteur chinois. Apple met en avant le ralentissement de la demande en Chine pour expliquer sa révision de résultats. Là-dessus les analystes sont plus partagés, et certains (à commencer par ceux qui se sont exprimés au micro d'Intégrale Bourse ce jeudi sur BFM Business) n’hésitent pas à parler plutôt d’un problème propre à Apple, d’un déficit d’innovation qui commencerait à rendre le prix difficile à justifier. Dans le doute, le luxe paye le prix fort, et les reculs sont significatifs à Paris sur tous les groupes exposés à la Chine : Kering, LVMH, Hermès.

Quoi qu’il en soit, la secousse est allée jusqu’à toucher le marché obligataire et les dettes d’Etat. Dans un réflexe classique de protection ultime, la dette allemande a été très demandée et le Bund (dette à 10 ans) a touché un nouveau plus bas de deux ans en séance.