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L'imparable méthode des Chinois pour manipuler le classement de l’AppStore

En Chine, le succès d'Apple crée un business important qui flirte parfois avec l'illégalité.

En Chine, le succès d'Apple crée un business important qui flirte parfois avec l'illégalité. - Philippe Lopez (AFP)

Les éditeurs qui veulent voir leurs applis intégrer le top 10 des plus téléchargés font appel à l'expertise de ces entreprises. Et Apple ne peut pas faire grand-chose car leur méthode est légale.

Tout est parti d’une photo volée qui a été publiée sur le site Weibo, le Twitter chinois (voir en fin d'article). On y voit une femme devant un mur d’iPhones. Son travail ? Télécharger ou supprimer des applis et les noter pour améliorer les revenus des éditeurs, mais surtout ceux des sociétés qui vendent ces services.

L’information, publiée par le site Tech In Asia et révélée en France par Cult of Mac, dévoile les détails de cette méthode totalement illégale. Des entreprises offrent aux éditeurs, moyennant finances, la possibilité d’entrer dans le top 10 de l’AppStore contre rémunération.

Une capture d’écran détaille même les tarifs demandés. L’entrée dans le classement coûte environ 11.000 dollars. Il faudra ensuite payer 65.000 dollars chaque semaine pour y rester. 

Selon le site asiatique, plusieurs dizaines de sociétés proposent ces services, notamment sur Taobao, le site de commerce en ligne d’Alibaba qui a récemment été accusé par les autorités chinoises d’être le temple de la vente de produits contrefaits.

Ces sociétés proposent leurs services sur Tabao, filiale d'Alibaba

Pour trouver ces prestataires, il suffit de poser franchement la question - comment manipuler le classement de l’AppStore ? - pour entrer en contact avec ces entreprises. Selon Tech In Asia, les négociations se font ensuite par chat direct pour plus de discrétion. Pour le moment, Apple n’a pas réagi à cette révélation. Mais habituellement, le géant californien n’hésite pas à prendre des mesures radicales contre ces méthodes.

En 2013, la startup française AppGratis en a fait les frais alors qu’elle était loin des techniques chinoises. Sa méthode était même légale, même si elle gênait Apple. Elle offrait gratuitement une appli par semaine ce qui faisait exploser le nombre de téléchargements et lui donnait une place de choix dans le Top 5 des apps. L’app a purement et simplement été éjectée de l’AppStore.

Dans son règlement, Apple bannit les les applications qui affichent d'autres applications pour les vendre ou en faire la promotion puisqu'elles "peuvent être confondues avec l'App Store".

Avec la méthode chinoise, aucune appli n’est nécessaire. Apple surveille de près les automates qui réalisent ces tâches, mais elle a peu de moyens de lutter contre cette fraude humaine.

Le travail de cette ouvrière est de télécharger des applis sur ces iPhone pour leur donner un bonne note.
Le travail de cette ouvrière est de télécharger des applis sur ces iPhone pour leur donner un bonne note. © TechInAsia
Pascal Samama