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L’intérêt encore timide des collectivités locales pour le cloud

La dématérialisation de certains services administratifs permet de réaliser des économies, mais les collectivités s'en servent aussi pour répondre à leurs engagements en matière de développement durable.

La dématérialisation de certains services administratifs permet de réaliser des économies, mais les collectivités s'en servent aussi pour répondre à leurs engagements en matière de développement durable. - AFP

Les collectivités territoriales figurent depuis deux ans parmi les cibles commerciales des prestataires de cloud. Mais les mairies sont encore peu nombreuses à franchir le pas. Elles restent prudentes face notamment à tout ce qui touche à la protectiond es donénes personnelles de leurs citoyens.

En matière d'e-administration, les collectivités territoriales sont toujours à la recherche du plus juste équilibre entre la modernisation de leurs infrastructures, le respect de la qualité de service délivré aux citoyens et la nécessaire maîtrise des coûts. Le cloud computing peut ici leur apporter une réponse.

Depuis 2013, les prestataires d’hébergement à distance ont flairé le filon et commencé à commercialiser des offres spécifiquement conçues pour les collectivités territoriales. Parmi ces prestataires figurent Nerim, Localeo, Gandi, Ikoula, Numergy mais aussi des opérateurs télécoms tels que SFR Business Team ou Orange (en partenariat avec GFI Informatique). "Ce marché, apparu depuis deux ans sous l’impulsion des GAFA, demeure néanmoins naissant, le secteur public étant encore réticent vis-à-vis de tout ce qui touche à une externalisation de ses données", temporise Laurent Leenhardt, directeur de la branche Software de GFI Informatique.

Des économies conséquentes pour le budget des petites mairies

Pascal Servais, responsable informatique de la mairie de Thoiry, une commune de 5 700 habitants située en Rhône-Alpes a déjà basculé vers le cloud. "Par rapport à notre budget annuel d’environ 60 000 euros, le cloud nous a permis d’abaisser les coûts et de dégager une économie de l’ordre de 25 000 euros la première année". Le passage à une solution commercialisée en Saas a néanmoins nécessité des investissements pour améliorer la connectivité de la mairie. "Nous sommes devenus dépendants de la qualité du débit de la connexion Internet. Nous avons donc préféré créer un VPN et investir à peu près 25 000 euros. Désormais, le service nous coûte environ 700 euros par mois", détaille Pascal Servais. La dématérialisation du service n’a en outre pas seulement permis de faire des économies, "elle a aussi contribué à respecter les engagements écologiques de madame la Maire de Thoiry". La commune économise ainsi 200 000 feuilles de papier par an.

Faciliter la dématérialisation des échanges

Cette mairie fait néanmoins partie des précurseurs. "D’après les analystes, sur un marché global des dépenses IT des collectivités locales françaises évalué à 3 milliards d’euros en 2015, seul 1% sera consacré aux solutions en mode SaaS", analyse Laurent Leenhardt. Pourtant, outre la question du coût, les mairies peuvent trouver d’autres intérêts au cloud. Un accès en Saas peut faciliter la gestion des applications logicielles par exemple. les mairies ont souvent un service informatique vertical, avec dix à quinze logiciels métiers différents à gérer, même pour une petite ville.

La réglementation sur leurs échanges financiers avec le Trésor public a de plus poussé les collectivités territoriales à aller vers davantage de dématérialisation. La loi oblige les collectivités à dématérialiser les factures à partir de 2017. Un processus qui peut être facilité par l’hébergement à distance. "Cela peut être intéressant pour les collectivités les plus petites qui ne sont pas dotées des moyens et infrastructures nécessaires", rappelle Laurent Leenhardt.

Quant à la localisation des données, les collectivités demeurent les responsables juridiques des opérations effectuées sur des données à caractère personnel des administrés; même si tout ou partie du service est assuré par un prestataire. L’équipe municipale devra donc s’assurer des garanties présentées par l’hébergeur pour assurer la sécurité et la confidentialité des données.

Adeline Raynal