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L'Italie rend hommage au père des bateaux Riva, décédé lundi

Carlo Riva est décédé à l'âge de 95 ans

Carlo Riva est décédé à l'âge de 95 ans - VALERY HACHE / AFP

Le créateur des bateaux Riva, Carlo Riva, est mort lundi à l'âge de 95 ans. Il était reconnu comme l'"inventeur de la vedette de la dolce vita".

L'Italie a rendu un vibrant hommage à Carlo Riva, génial concepteur des bateaux Riva en acajou prisés de la jet set des années 50 et 60, décédé lundi à l'âge de 95 ans. Il a été salué ce mardi dans son pays comme "l'inventeur de la vedette de la dolce vita".

Si on commença dans cette famille italienne à construire des bateaux de transport au XIXème siècle, c'est Carlo Riva qui fit la notoriété du patronyme à partir des années 1950 avec sa gamme de loisirs en bois d'acajou. Comme l'élégant monomoteur "Ariston" avec son cockpit à deux banquettes ou le bi-moteur "Aquarama", plus puissant, pour les sorties en mer et qui symbolisera le luxe à l'état pur.

Le constructeur naval Ferretti, qui a racheté la marque, a rendu hommage à "l'indiscutable maître du nautisme du XXème siècle", qui s'est éteint lundi à son domicile de Sarnico, sur le lac d'Iseo (nord de l'Italie), où des Riva désormais en fibre de verre sont toujours fabriqués. La presse italienne a aussi salué cet ingénieur au sourire pétillant, symbole du "design made in Italy": "Adieu à Riva, père inventeur de la vedette de la dolce vita", "Adieu au roi de la mer qui construisit des vedettes pour les acteurs et les souverains". Avec en bonne place Brigitte Bardot prenant la pose sur un Riva...

Un premier bateau construit à 17 ans

À l'occasion d'une grande fête de la famille Riva organisée à Monaco en 2012 pour ses 90 ans - mais aussi pour le 50e anniversaire de l'Aquarama - Carlo Riva expliquait toutefois à l'AFP que la plus belle femme qu'il emmena un jour sur un Riva fut Sophia Loren. Ce passionné avait construit son premier bateau à l'adolescence: "C'était un petit bateau à rame, quand j'avais dix-sept ans, je l'ai dessiné en 1939".

Le premier test de l'Aquarama avait été fait à Monaco par Giovanni Agnelli, patron de Fiat. "Je lui ai dit: si vous obtenez le premier prix de la course, je vous le donne. Il m'a répondu, non, ce n'est pas possible. On était fous tous les deux!", se souvenait Carlo Riva. "J'ai inventé ce style de bateau, j'en ai réalisé les dessins, les vis, les gouvernails, les radios, tout!", racontait-il, qualifiant les vieux modèles "d'oeuvres d'art" ne pouvant plus être construites, faute d'artisans. "Le grand changement, c'est que tout est en fibre de verre spéciale, aujourd'hui, c'est contrôlé, bien fait. Mais nous, nous avions le meilleur acajou du monde", exporté notamment d'Afrique équatoriale, avait-il confié. "L'acajou du Honduras est fantastique, on en faisait les tableaux de bord, c'est un bois qui ne travaille pas, même au soleil", s'extasiait-il encore.

Une histoire de famille prolongée

"Mon père était très ami avec Ingrid Bergmann. Les rois, les émirs venaient du monde entier au chantier de Sarnico, qui était à l'avant-garde. Il y avait de la passion dans la fabrication. On déposait le bois dans un hangar où il devait sécher plusieurs années. Il s'en dégageait un parfum incroyable de bois d'acajou et d'essences d'Afrique", s'était souvenue la Monégasque Lia Riva, l'une de ses filles. "Il considérait ses ouvriers comme sa famille et après quelques grèves il a vendu sur un coup de tête", regrettait-elle.

Lorsqu'il vendit son chantier, en 1971, il partit sur son Aquarama baptisé "Lipicar", du nom de ses trois filles (Lia, Pia, Carla). "J'ai fait le tour des îles grecques, une à une, pendant neuf ans!". Le chantier naval de Sarnico et la célèbre griffe furent cédés à la banque d'affaires américaine Whittaker, puis vendus à Rolls Royce en 1990, et dix ans plus tard à l'italien Ferretti. La commercialisation est restée néanmoins une histoire de famille en Méditerranée française et italienne, même si les filles de Carlo Riva n'ont eu que des filles qui ne porteront peut-être plus le prestigieux patronyme. Et c'est toujours la famille Riva qui s'occupe à Sarnico de la rénovation des vieux bateaux en acajou, au nombre de seulement 3.000 dans le monde.

P.L avec AFP