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L'outil de propagande de Trump débarque en France

Stephen Bannon (à droite) a dirigé pendant 4 ans le site d'information vedette de la droite alternative Breitbart avant de rejoindre Donald Trump en août dernier.

Stephen Bannon (à droite) a dirigé pendant 4 ans le site d'information vedette de la droite alternative Breitbart avant de rejoindre Donald Trump en août dernier. - Danny Moloshok - Montage BFM Business

Le site américain d'information Breitbart présidé jusqu'en août dernier par Stephen Bannon, le directeur de campagne de Donald Trump, a annoncé qu'il allait se lancer en Europe et notamment en France. Le site qui a soutenu le candidat républicain a battu des records d'audience depuis quelques mois.

L'influence de Donald Trump va-t-elle s'étendre à la France? Si de nombreux politiques hexagonaux tentent de capitaliser sur la victoire du candidat républicain à la Maison Blanche, un nouveau site sera bientôt leur porte-voix. Breitbart News, site d'information de droite dite Alt-Right aux États-Unis, proche d'un Valeurs Actuelles en France, vient en effet d'annoncer à Reuters qu'il comptait s'étendre en Europe. Déjà présent en Grande-Bretagne, il compte dans les prochains mois lancer des versions en allemand et en français. Le site aurait déjà commencé à recruter dans l'Hexagone.

Et si le projet était dans les tuyaux depuis quelques mois, la victoire de Donald Trump a convaincu les patrons du site d'accélérer le mouvement. D'autant qu'en France (ainsi qu'en Allemagne) des échéances électorales se profilent pour 2017. Or avec la montée des partis populistes dans ces deux pays (Front national en France et AFD en Allemagne) l'appétit des lecteurs pour une information dite alternative ne cesse de croître. En témoignent les succès en kiosque de Valeurs Actuelles (+37%), seul hebdomadaire en croissance en France.

Sensationnalisme, sexisme et une pointe d'antisémitisme

Et Breitbart pourrait accroître encore l'influence des partis de droite en Europe. Aux États-Unis, le site était plus qu'un soutien au candidat républicain, c'était carrément le bras armé de Donald Trump pour l'accession à la Maison Blanche. Le co-fondateur de Breitbart n'est autre que Stephen Bannon, le directeur de campagne du candidat nouvellement élu à la présidence. Un homme classé très à droite sur l'échiquier politique américain. Le chroniqueur de la chaîne Fox News Glenn Beck l'avait ainsi comparé à Goebbels (le ministre de la propagande sous Hitler) lors d'une émission de radio en février dernier. Andrew Breitbart, le journaliste à l'origine du site d'information et partenaire en affaires de Bannon n'avait pas hésité à le qualifier de "Leni Riefenstahl du Tea Party" du nom de la cinéaste star de la propagande nazie.

Cet ancien militaire de la Navy passé chez Goldman Sachs à la fin des années 80 a fait fortune (son patrimoine est estimé à 41 millions de dollars) au début des années 90 en créant Bannon & Co, un fonds d'investissement spécialisé dans les médias. Une société revendue en 1998 à la Société Générale. Depuis, Bannon navigue dans l'univers des médias et du cinéma. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé à la tête de Breitbart en 2012, un site créé quelques années plus tôt par Andrew Breitbart, journaliste conservateur américain qui avait notamment participé au lancement du Huffington Post. À la suite du décès brutal de Breitbart en 2012, Bannon a donc repris le site et imposé une ligne éditoriale très sensationnaliste. Avec des titres sexistes ("On a trouvé la solution contre le harcèlement en ligne, femmes déconnectez-vous!"), anti-immigration et musulmans ("Tous ces jeunes musulmans en Occident sont des bombes à retardement") et éventuellement antisémite ("Billy Kristol, ce Juif renégat")... Le tout parsemé depuis quelques mois d'une couverture hagiographique de la campagne de Donald Trump à rebours de l'ensemble des médias américains.

Un carton d'audience

Et le site fait un carton. De 12 millions de pages vues par mois en 2012, le site a dépassé les 240 millions ce mois d'octobre pour 37 millions de visiteurs uniques. Breitbart est aussi présent sur les ondes avec des émissions de radio et cartonne sur les réseaux sociaux. Le site compte 2,7 millions d'abonnés sur Facebook et est le média politique anglo-saxon qui a le plus fort taux d'engagement sur les réseaux sociaux (likes, partages, retweets etc.). "Les élections et les candidats viennent et disparaissent, mais les communautés solides qui se coalisent autour de valeurs communément partagées demeurent", expliquait Stephen Bannon en août dernier avant de rejoindre le staff de Donal Trump. C'est pourquoi nous continuons à croître et nous développer." La France va-t-elle à son tour succomber? 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco